La bibliothèque des cœurs cabossés (Läsarna i Broken Wheel
rekommenderar)
Auteur : Katarina Bivald
Traduit du suédois par Carine Bruy
Éditions Denoël (15 Janvier 2015)
ISBN : 9782207117750
500 pages
Quatrième de lecture
Tout commence par les lettres que s’envoient deux femmes
très différentes : Sara Lindqvist, vingt-huit ans, petit rat de bibliothèque
mal dans sa peau, vivant à Haninge en Suède, et Amy Harris, soixante-cinq ans,
vieille dame cultivée et solitaire, de Broken Wheel, dans l'Iowa. Après deux
ans d’échanges et de conseils à la fois sur la littérature et sur la vie, Sara
décide de rendre visite à Amy. Mais, quand elle arrive là-bas, elle apprend
avec stupeur qu’Amy est morte.
Mon avis
« Quel plaisir y a-t-il à lire un livre merveilleux, si on
ne peut pas le signaler à d’autres personnes, en parler et le citer à tout bout
de champ ? »*
Voici un livre que j’ai découvert parce que ma filleule me
l’a offert. J’ai tout de suite flashé sur la couverture et le titre mais on
sait bien que « ça ne fait pas tout » .
Alors, penchons-nous un peu sur le contenu…
On découvre, par intermittence les lettres qu’Amy, une femme
américaine, envoyait à Sara, cette jeune libraire suédoise qui lui avait acheté
un livre par l’intermédiaire d’une plateforme de ventes. Ces courriers sont un vrai plaisir et
renferment quelques pépites (mais je reconnais que je suis une « accro » de ce
genre de textes).
« Parfois, je me dis que ce n’est pas la vivacité des
chagrins qui signifie quelque chose, mais l’impact qu’ils ont sur vous. »
Amy est une femme qui a vécu et je pense qu’elle a servi de
« catalyseur » à Sara à travers leur correspondance.
Sara est une jeune femme, un peu candide, encore dans sa
chrysalide. Sa famille ne fait rien pour l’aider et la librairie dans laquelle
elle travaille vient de fermer.
Alors, avec ses économies, elle se décide à s’offrir un
voyage à Broken Wheel, dans l’Iowa, petite ville où habite Amy qui est devenue
son amie de plume et qui lui propose de l’héberger.
Cette contrée s’est «
éteinte » petit à petit jusqu’à en perdre, en partie, son identité malgré des habitants
pittoresques. On s’interroge sur ce que cette jeune femme va faire là-bas….
Sara pose question aux propriétaires ou locataires du coin,
ils se demandent pourquoi elle reste, à quoi elle va occuper ses journées, d’autant plus qu’elle n’a aucune facilité
pour créer des liens.
« Il y avait quelque chose de presque pétrifiant chez une
femme qui préférait si ouvertement les livres aux gens, peu importe lesquels .
»
Sara trouve- t-elle dans les livres ce qu’elle ne rencontre
pas dans ses relations humaines ? Se réfugie-t-elle dans les pages pour ne pas
avoir à « s’exposer », est-ce une forme de protection ?
Par l’intermédiaire de ce roman, nous allons découvrir le
rapport de chacun aux livres et cela nous renvoie à notre propre histoire : Pourquoi
et quand lit-on ? Qu’est-ce qu’on cherche dans les livres ? Y-a-t-il un livre
pour chaque lecteur ? Et bien d’autres interrogations …. auxquelles nous
n’avons pas toujours de réponse….et c’est sans doute bien mieux ainsi.
Cet opus est un condensé de vie, avec tout ce qu’elle est :
ses bonheurs, ses peines, ses coups de sang, ses « petites folies » qui font
tant de bien ….
« J’imagine que la vie et les chagrins sont comme les
paysans et la pluie : il en faut un peu pour que quelque chose pousse, mais je
crois qu’on n’en a jamais la bonne quantité. »
L’écriture est fluide, de qualité, la traduction excellente.
Il y a de nombreuses références littéraires (il aurait pu être intéressant d’en
avoir la liste dans les dernières pages) intégrées dans les lettres, les conversations ou la vie quotidienne . Les
œuvres citées sont, pour la plupart, connues et si elles le sont un peu moins,
elles peuvent (malheureusement pour le porte monnaie) susciter des envies de
lecture….
J’ai énormément apprécié ce roman, qui détend, qui fait du
bien, et qui donne le sourire. Bien entendu, les esprits chagrins apporteront
un bémol, une fin un peu inconcevable dans « la vraie vie » (mais si on cherche
bien, on trouve des anecdotes de ce type sur internet) et puis un peu de rêve
avec des personnages virtuels, ce n’est que du bonheur, non ?
*Page 189
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