Le Cheptel
Auteur : Céline Denjean
Éditions : Marabout ( 18 Janvier 2018)
ISBN : 978-2501122559
660 pages
Quatrième de couverture
Le corps d'une jeune femme est retrouvé en Lozère. Au regard
des éléments qu'ils détiennent, les enquêteurs de la SR de Nîmes se forgent
rapidement un avis : elle a fait l'objet d'une chasse à l'homme... Pour le
capitaine Merlot, d'Interpol, les conclusions médico-légales placent cette
victime dans une longue série. Les gendarmes nîmois vont alors apprendre à leur
grande stupéfaction, qu'Interpol tente depuis vingt-cinq ans de démanteler un
réseau de trafic d'êtres humains.
Mon avis
Au plus loin de la
folie des hommes…..
Autant le dire sans attendre, ce roman aux nombreuses mais
très claires ramifications, est totalement addictif. Il vous coince dans ses
rets et ne vous lâche plus, vous absorbant, vous prenant votre temps, votre
énergie, votre cerveau et votre cœur….
On se retrouve avec plusieurs entrées qui bien sûr, finiront par se
recouper. Alternativement on suit un homme qui fait des recherches sur sa sœur,
un jeune garçon qui est tombé lors d’une randonnée et qui veut trouver de
l’aide, des policiers qui enquêtent sur une mort suspecte et tous ceux qui de
près ou de loin semblent avoir un lien avec ce décès. Seuls indices temporels :
le jour J et quelques mois avant ou peu de temps après. L’essentiel se
déroulant sur une petite dizaine de jours. L’époque ? La nôtre avec tous les
travers des hommes, tout ce qu’on sait et qu’on oublie souvent , soit en
faisant l’autruche, soit en se disant qu’à notre niveau, on ne peut pas faire
grand-chose…. C’est plus facile…enfin, c’est ce qu’on croit parce qu’à force de
fermer les yeux….un jour, ça vous revient en pleine face….
Louis, soixante treize ans, cherche sa sœur, il s’exprime
peu dans le livre mais il le fait en disant « je ». Pour le reste, ce sera un récit avec un narrateur sauf pour une petite fille qui
se « parle » en employant le « tu », comme si elle ne pouvait pas exister par
elle-même, comme si elle avait été effacée, d’ailleurs qui est-elle ? Il y a également des enquêteurs assez nombreux, d’autant plus
qu’Interpol va intervenir devant la gravité des faits. Plusieurs histoires en
parallèle, dans lesquelles on entrevoit, petit à petit, les rapports entre les
différents protagonistes. Le contexte est installé, les personnages également.
On peut plonger dans l’histoire qui va aller crescendo, s’accélérant sur la fin…
J’avais déjà entendu parler du Darknet et du fameux logiciel
TOR, permettant de surfer sans être repéré er donc de flirter avec la ligne
rouge, d’être hors la loi en toute impunité….. et d’aller vers des espaces où
sont affichées des propositions toutes plus ou moins tordues, dangereuses pour
l’homme…..mais en excitant d’autres au-delà du possible….. Savoir que cela peut
exister me révulse, me révolte …. Il y a des déséquilibrés partout mais
certains ne le montrent pas et il faut trouver la faille pour les coincer….
C’est dans cette faille que pourront s’engouffrer, petit à petit, les policiers
de ce recueil. J’ai apprécié que ces hommes et ces femmes soient suffisamment
motivés, volontaires pour croire en leur métier, espérer trouver des réponses
et arrêter certaines dérives qu’ils devinent au cours de leur enquête. J’ai
aimé leur pugnacité, leur remise en question, acceptant d’entendre l’avis des
uns et des autres, se respectant et décidant de faire au mieux ensemble….
Eloïse, maîtresse femme, est la chef, celle sur qui tout repose, celle qui se
doit d’être forte toujours et partout mais peut-elle tout accepter, tout
supporter ?
Céline Denjean (bravo pour le clin d’œil page 355) a réussi
un excellent thriller à la construction tout à fait remarquable avec des
personnages complets et bien présentés. Je verrai bien une adaptation
cinématographique de cette histoire tant les descriptions sont visuelles,
claires. Son récit est, à mon sens, très abouti, ne laissant rien au hasard,
permettant à chacun de s’approprier les différents lieux, l’atmosphère et tous
ceux qui y gravitent. Elle nous oblige à
creuser ce qu’on sait déjà pour aller plus loin que le superficiel et son
recueil est d’une grande force par ce qu’il soulève…. De plus, on ne peut que
constater qu’elle a fait des recherches et que les références citées sont
vérifiables… et brrrrr……
C’est un roman âpre, noir, qui laisse malgré tout quelques
lueurs d’espoir se glisser ça ou là. L’écriture et le style de Céline Denjean
sont vifs, acérés, pointus, chaque mot est pensé, pesé. Les événements s’enchaînent avec fluidité et
on peut se demander tant tout cela est ordonné, réfléchi, comment elle s’y est
pris pour écrire son ouvrage. Elle est allée au plus loin de la noirceur
humaine, peut-être pour nous rappeler que
la vie est belle lorsque tout va bien….
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