"Clara et la pénombre" de José Carlos Somoza (Clara y la penumbra)


Clara et la pénombre (Clara y la penumbra)
Auteur : José Carlos Somoza
Traduit de l'espagnol par Marianne Millon
Éditions : Actes Sud (11 Septembre 2003)
ISBN :  9 782 742 752 973
560 pages

Quatrième de couverture

2006. Dans ce futur dangereusement proche, la représentation des corps ne fait plus recette au sein du marché de l'art, qui cote désormais des toiles humaines. Signées par de grands maîtres, elles sont louées, vendues, manipulées, livrées à tous les regards, à tous les fantasmes.

Mon avis

« Clara et la pénombre » … Clara, Claire, clarté en opposition au mot pénombre … Le ton est donné, la couleur aussi car c’est de cela qu’il s’agit …
Ce roman va passer de l’ombre à la lumière, de la noirceur a une certaine tendresse, de l’horreur a la douceur, de l’attirance au rejet …

L’auteur cherche à choquer, à nous pousser dans nos retranchements par l’intermédiaire de ce qu’il évoque : des êtres humains devenus œuvres d’art, assimilés à des objets au service de l’artiste …
Futur, fiction, anticipation ? On croit que cela n’arrivera jamais …
Qui aurait pensé, il y a une trentaine d’années, que des hommes et des femmes accepteraient d’être « enfermés », « exposés », filmés comme on le voit dans certaines émissions de télévision ?
Jusqu’où ira l’homme ?
Est-ce qu’on se souvient mieux d’un artiste décédé au sommet de son art, qui n’aura pas connu le déclin ?

Et pour une œuvre vivante ? Comment entrer dans la postérité ?
« Sa vie toute entière était un art. » « Une œuvre d’art n’avait rien qui lui appartienne… »
Jusqu’où Clara est-elle prête à aller pour devenir le tableau vivant d’un grand maître ?
« Complètement. Ce qu’il dirait, ce qu’il voudrait. Sans limites. »
Abandonnée aux mains et aux caprices de l’artiste, elle « s’oublie » au profit de l’art. Quelles satisfactions en tirent-elles ? Tout ceci est finement analysé par l’auteur.
« En fait, cela te réconforte qu’on te traite comme un être humain de temps en temps. »

Divisé en quatre parties, appelées « pas » (ce n’est pas anodin, on avance et on se demande où tout cela va s’arrêter…), ce livre nous soulève l’âme, il est terrifiant, angoissant, et malgré tout terriblement attirant …
José Carlos Somoza réussit à nous captiver avec un sujet difficile. Il sait manier le verbe, pour que ses phrases soient percutantes, sculptant les personnages, les faisant vivre petit à petit alors que paradoxalement, certains, comme Clara, deviennent « objets » …
Le personnage de Clara, ses pensées, son approche de l'art m'ont fascinée ...
L’écriture, d’une grande puissance, est une des principales forces de ce livre …

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