Jusqu'à l'impensable (The Crossing)
Auteur : Michael Connelly
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin
Éditions : Calmann-Levy (5 Avril 2017)
ISBN : 978-2702156513
400 pages
Quatrième de couverture
Harry Bosch, retraité du LAPD malgré lui, tente de tuer le
temps en remontant une vieille Harley lorsque Mickey Haller, son demi-frère
avocat de la défense, lui demande de travailler pour lui comme enquêteur.
Cisco, qui occupe ce poste habituellement, vient d’être victime d’un accident
de moto aux circonstances plus qu’étranges, et Haller est persuadé que seul
Bosch pourra l’aider à innocenter Da Quan Foster, un ex-membre de gang accusé
d’avoir battu à mort Lexi Parks, la directrice adjointe des services municipaux
de West Hollywood.
Mon avis
« Jusqu’à
l’impensable »…c’est quoi l’impensable ?
Pour Harry Bosh, retraité du LAPD (Los Angeles Police
Department), c’est fréquenter l’ennemi, passer de l’autre côté et frôler
(parfois même franchir) la ligne jaune…
Comment un homme aussi intègre que ce bon vieux Harry en
est-il arrivé là ? Son demi-frère, Mickey Haller, est avocat de la défense et
son boulot c’est de trouver des combines pour ses clients. C’est comme ça que
des petits (et quelques fois grands…) malfrats se retrouvent libres…. Voilà
Mick qui appelle Harry : il a l’impression qu’un de ses accusés à qui on
reproche un meurtre est pris dans une belle magouille, sans doute pour sauver
la mise au vrai assassin. Il a besoin d’un enquêteur, vu que le sien vient
d’être accidenté et a pensé à son frangin…. Harry hésite parce qu’il sait bien
que s’il accepte cette mission, cela va l’entraîner sur des sables mouvants (et
il est loin d’imaginer jusqu’où il ira…)mais son instinct d’enquêteur prend le
dessus et il dit oui.
Etre de l’autre côté pour Harry, c’est être libre de suivre
chacune de ses intuitions sans rendre de compte, c’est se fier à une
impression, même floue, c’est se mettre dans les lieux, dans la peau de ceux
qui ont agi, s’imprégner de chaque détail connu ou envisagé, prendre le risque
de passer la ligne jaune et surtout, surtout : être détesté, incompris de la
plupart des anciens collègues qui hurleront à la trahison….et ça, Bosh a du
mal… C’est d’ailleurs un des principaux attraits de ce livre, sentir combien
notre vieil ami (c’est le vingt-et-unième opus de la série) est tiraillé entre
deux envies : celle de rester droit et celle de trouver la réponse, de
comprendre en allant fouiner partout. Il est entêté alors il ne lâche rien et
plus il avance, plus il se rend compte des risques qu’il prend mais que faire ?
L’enquête en elle-même, partie d’un détail infime (et vraiment bien pensé)
n’est pas des plus captivantes mais je le répète, l’intérêt n’est pas là. Il
faut s’attacher aux deux hommes, issus d’une même famille, ayant choisi des
voies si différentes. L’un, un peu hâbleur, qui cherche comment détourner les
événements pour sauver celui qu’il défend ; l’autre, attaché à la justice, qui
a toujours fait régner la loi et pour qui le mot « tricherie » n’existe pas.
On passe sans cesse de l’un à l’autre, même si Harry a un
rôle peut-être un peu plus important. Observer les réactions de chacun,
finement décrites par l’auteur, est un régal, car cette ambivalence,
représentée ici par deux hommes, pourrait bien être également, celle qu’on a en
nous. A savoir, comment démêler le vrai du faux, qui croire lorsque quelqu’un
hurle au coup monté et se dit innocent ?
Harry enquête pour la défense alors qu’il a été de l’autre
côté pendant toute sa carrière de policier. Cela l’interpelle et lorsque sa
fille lui fait comprendre qu’elle a honte de lui, il a peur de perdre l’embryon
de complicité qu’il a établi avec elle, il est angoissé à l’idée de la
décevoir…. Les rapports humains sont bouleversés pour Harry, comme si le fait
d’avoir endossé « un nouveau costume » l’avait profondément changé…. Il lui
faudra beaucoup de patience, mettre son poing dans sa poche (sans oublier le
mouchoir dessus) pour arriver à comprendre et à se faire comprendre de ceux qui
l’admiraient en tant que policier.
Ce recueil m’a beaucoup plu, par son contenu, mais aussi sa
forme avec toutes les recherches des deux frères qui se télescopent ou se
complètent. Il y a également leur cheminement distincts, leur force et leur
faiblesse. Une écriture fluide, complète dans l’approche psychologique. Un
traducteur qui a l’habitude de la série et qui fait un excellent travail. Et
puis, toujours, ça et là, des références musicales de qualité pour notre plus
grand plaisir. Un Connelly comme on les aime !
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