"L'affaire Agathe Vanders" de Guillaume Lefebvre


L'affaire Agathe Vanders
Auteur : Guillaume Lefebvre
Éditions : Ravet-Anceau (10 Juin 2013)
Collection : Polars en Nord
ISBN : 978-2-35973-332-7
340 pages

Quatrième de couverture

En mer d’Opale deux incidents d’une proximité troublante se produisent la même nuit. Un pétrolier explose et une jeune femme, Agathe Vanders, est retrouvée carbonisée sur son voilier. Les autorités maritimes sont en effervescence. S’agit-il d’une simple coïncidence ou d’un dommage collatéral ? Une commission est chargée de lever ce doute. Parmi ses membres, le capitaine de navire, Armand Verrotier est un ami du père d’Agathe. En désaccord avec les conclusions de l’enquête, Armand va opérer seul pour rétablir la vérité. A ses risques et périls.

Mon avis

C’est une nouvelle fois dans le milieu maritime que nous entraîne Guillaume Lefebvre et nous retrouverons les embruns qui vous fouettent le visage, les limicoles qui s’envolent, les tempêtes qui effraient, les hommes avares de paroles, les non-dits et les secrets de ces personnes qui n’ont pas de temps à consacrer aux blablas…

Agathe Vanders, est une belle jeune femme, sûre d’elle, qui a une excellente situation. Elle part régulièrement avec son bateau.

Armand Verrotier, capitaine de navire, travaille pour une compagnie et accepte des missions plus ou moins longues, il peut aller parfois assez loin, en Afrique par exemple, et nous le suivrons…découvrant au passage certains aspects de la vie là-bas, le rôle des femmes, le regard sur les « blancs »….

Juliette Moreno, jeune maman, de Romain, se bat pour son fils qui souffre d’un léger handicap mental. Il a besoin d’être rassuré, aimé, accompagné. Juliette est assistante sociale et côtoie beaucoup de marins et leur famille.

Agathe va mourir et Armand et Juliette vont à cause de ce fait, se rencontrer…
La suite pourrait être : « ils s’aimèrent, furent heureux et eurent beaucoup d’enfants… »
Mais l’auteur nous maintient le plus souvent « dans la vraie vie » donc : « ils se rencontrèrent, se posèrent des questions et voulurent mener l’enquête… »
Et cela ne fut vraiment pas aisé….

Ni pour eux, ni pour nous….car l’intrigue a des ramifications et l’auteur sait parfaitement nous emmener de ci, de là. Une fois encore, j’ai apprécié que les individus aient un train de vie quasiment normal, sur plusieurs mois, ne voyant ressurgir qu’au détour d’un hasard, les interrogations qui sont restées en eux et de temps à autre, l’occasion d’avancer dans la compréhension de ce qui les a intrigués.

Mêlant avec habileté, secrets familiaux, vieilles rivalités professionnelles, multinationales et lobbying, nous avons affaire à un roman étoffé, complexe, mais accessible. De nombreux sujets sont abordés et nous poussent à la réflexion et il n’est pas évident de trancher et d’avoir une opinion. De plus, comme Armand voyage (pour ses recherches ou son travail), nous nous retrouvons, à sa suite, à Rome, au Kenya…. Il m’a semblé que l’auteur connaissait de visu les lieux dont il parlait car ses descriptions étaient précises. C’est, à mon avis, un plus, car « on s’y croirait… » (entre autres, pour Rome et le musée du Vatican…le Kenya, je ne connais pas…)

L’écriture est de qualité, seule une expression m’a surprise (elle est employée au moins deux fois, c’est : « être déballé » (bouleversé ?) que je ne connaissais pas… Les termes du monde des marins sont appropriés et donnent à Armand un air de vrai professionnel.
Les dialogues sont bien construits et rythment le récit
Il y a trois parties inégales, dans lesquelles on trouve des chapitres de plusieurs pages (qui ont des titres jusqu’au 13, puis cela s’arrête, pourquoi ?...) et un épilogue. Le tout est bien amené, bien bâti. Il y a plusieurs pistes et j’aimerais savoir si l’auteur avait préparé une trame générale avant de se lancer afin de ne pas s’embrouiller dans les différents aspects de son livre.

J’ai apprécié que les protagonistes soient présentés sous divers angles et que les relations qu’ils nouent soient développées. Il y a ainsi plus de profondeur dans le texte, on se sent plus proche des êtres de papier que l’on côtoie. De plus, comme on a l’impression de les « connaître » un peu mieux, on se prend à essayer d’imaginer leurs réaction, comme s’ils faisaient partie de nos familiers.

C’est un très bon roman, qui sans nous mettre face à des situations glauques, fait froid dans le dos… en effet, la réalité n’est pas si loin…quand on voit comment les grosses sociétés agissent (et encore, on ne sait pas tout…)

NB: Encore une belle couverture

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire