Que Dieu me pardonne
Auteur : Philippe Hauret
Éditions : Jigal (18 Mai 2017)
ISBN :
978-2-37722-008-3
210 pages
Quatrième de couverture
Ici, une banlieue tranquille, un quartier résidentiel et ses
somptueuses maisons dans lesquelles le gratin de la ville coule des jours
paisibles… À quelques encablures, une petite cité, grise et crasseuse. Avec sa
bande de jeunes désœuvrés qui végètent du matin au soir. Deux univers qui se
frôlent sans jamais se toucher. D’un côté, il y a Kader, le roi de la
glande et des petits trafics, Mélissa, la
belle plante qui rêve d’une vie meilleure… De l’autre, Rayan, le bourgeois fortuné mais
un peu détraqué… Et au milieu, Mattis, le flic ténébreux, toujours en quête de
rédemption.
Mon avis
Cabossés par la vie…
Qu’ils soient pauvres ou nantis, désœuvrés ou travailleurs,
les personnages de ce roman ont tous été à un moment ou un autre cabossés par
la vie. Ils n’ont pas tous réagis de la même façon, certains luttent pour
essayer de s’en sortir à l’image de la belle Mélissa, d’autres vivent « à la
petite semaine » de trafics, de vols, de magouilles, comme Kader, d’autres
encore profitent de leurs rentes et s’offrent la belle vie, comme Rayan Martel,
le bourgeois …. Au milieu de tout cela,
les flics, Franck Mattis et son collègue Dan, qui n’ont pas la même approche
des faits, ni des hommes. Le premier a encore un semblant d’espérance, le
second, blasé, a baissé les bras et ne pense qu’à exterminer la racaille, à
nettoyer la gangrène des cités….
Philippe Hauret a une belle écriture, il glisse ça et là des
références musicales, des mots de haut niveau. On sent un humaniste cultivé qui
se penche sur la vie, qui espère que les regards changent, que les bons ou les
mauvais se peaufinent, les uns pour se pencher sur les plus « petits », les
autres pour se donner les moyens (ou les accepter) de s’en sortir. Si chacun
avance d’un pas, même minuscule, sa nouvelle approche modifiera sa perception
de l’autre ….
C’est tout cela qui transparaît dans ce livre prenant,
poignant, que j’ai lu en une nuit tant il m’a captivée. Pourquoi ces individus
m’ont-ils tellement intéressée ? Tout simplement parce qu’ils « sonnaient »
vrais. Des personnalités ni toutes blanches, ni toutes noires, des gens qui
parfois se laissent attirer par la facilité même si pour ça ils renient leurs
principes, et qui, à d’autres moments s’accrochent et essaient de redresser la
barre. Des protagonistes qui vivent avec leur passé, comme ils peuvent quand il
est lourd et douloureux, avec l’environnement du moment qui n’est pas toujours
celui qu’ils espéraient, avec les hommes et les femmes qu’ils croisent et
qu’ils ne regardent pas forcément comme ils le devraient…. Mais malgré tout,
ils avancent, plus ou moins portés par la vie, ils n’ont pas le choix, il faut
continuer, accepter ou s’accommoder de ce qu’ils ont ……
C’est si difficile de trouver le chemin lorsqu’on s’est
égarée sur des voies de traverse, c’est si difficile de croire en soi quand aucun
projet n’aboutit, c’est si difficile de parler d’espoir quand tout semble vouer
à l’échec…. Et pourtant, par petites touches, au milieu de ces destins
malheureux, égarés, l’auteur met de la couleur, de la lumière, de celle qui
brille dans les yeux quand on a compris qu’il faut de temps à autre, si peu de
choses, pour que la main se tende vers celui qui en a besoin…. On sent en
filigrane que Philippe Hauret croit en l’homme….
Et si c’était ça, le cadeau de cet écrivain ? Un recueil
sombre, des vies fracassées mais toujours (comme disait mon poète préféré Paul
Eluard) au bout du chagrin une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée [….]des
yeux attentifs, une vie : la vie à se partager ?
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