Vogue la colère
Auteur : Guillaume Lefebvre
Éditions : Ravet-Anceau (Novembre 2014)
Collection : Polar en Nord
ISBN :978-2-35973-451-5
300 pages
Quatrième de couverture
En pleine tempête, le Cornélius manœuvre au large de
l’Écosse pour récupérer des conteneurs. Panique à bord : le commandant est
introuvable. Armand Verrotier doit le remplacer au pied levé. De retour en baie
de Somme, le marin est contacté par Charlotte, une jeune femme aux intentions
obscures et hantée par un passé douloureux. Apparemment son histoire serait
liée au Cornélius. Intrigué, le matelot mène l’enquête et découvre l’existence
d’un trafic de grande envergure. À sa tête, un personnage sans scrupules se
moquant bien de la catastrophe écologique annoncée. Ne pas chavirer sera le
maître-mot d’Armand.
Mon avis
« Chacun peut
gouverner lorsque la mer est belle »
C'est le quatrième roman policier de l'auteur et si le
personnage récurrent d'Armand emplit les pages à chaque fois, l'histoire peut
être lue de façon indépendante,
Armand Verrotier …. si l'idée vous vient de savoir pourquoi
ce nom de famille, allez faire un tour vers les métiers du bord de mer, la
verrotière cherche des verrots dans le sable humide et Guillaume Lefebvre n'a
pas choisi ce nom au hasard....
Cette fois-ci, notre héros maritime est au repos, mais
devant l'absence d'un collègue, il se doit de reprendre du service au plus
vite. C'est comme ça dans la marine, on se soutient et on se serre les coudes …
quand on s'apprécie... On le découvrira au fil des pages, ce milieu,
essentiellement masculin, n'est pas exempt de certaines frictions, jalousies,
trahisons, mensonges et autres « arrangements » peu honnêtes ...
L'auteur le décrit à merveille ce microcosme, sans doute
parce qu'il le connaît bien. Mais on ne parle pas toujours avec justesse de ce
qu'on vit régulièrement et c'est là une des forces de l'écriture de notre
capitaine. Et oui, Monsieur Lefebvre écrit en mer, à ses heures perdues,
lorsque sa tâche de responsable de navire lui laisse un peu de temps. C'est
sans doute pour cela que dans chaque ligne, on sent les embruns, les odeurs, le
roulis, le tangage, qu'on entend les mouettes et les cornes de brume. Mais on
découvre également les rapports humains sur le bateau et en dehors, dans ce
monde de la mer où certains sont un peu bourrus, non pas parce qu'ils ne sont
pas sociables, mais parce que la mer ne vous laisse pas la possibilité de vous
poser lorsque vous travaillez avec elle. C'est elle la patronne et le lecteur
le comprend très vite au fil des pages. Les administrateurs peuvent penser qu'il
faut agir d'une certaine façon et la météo en décider autrement en faisant se
révolter l'océan ou la mer....
Parfois, je me demande pour ceux qui vivent souvent avec
elle, si elle n'est pas comme un être vivant, existant à part entière, comme
une compagne capricieuse... Quoiqu'il en soit, elle est dans les livres de
Guillaume Lefebvre une « présence » et cela donne un côté magique à ses
écrits. Il pourrait d'ailleurs développer le parallèle entre les relations
humaines à bord et la mer, car elle influence certainement celles-ci en
déteignant sur les hommes (vous pensez qu'un homme ballotté et malade par une
nuit de tempête peut être le même qu'un homme ayant dormi dans sa couchette sur
une mer d'huile?)....
Au delà de cette atmosphère typiquement maritime,
l'intrigue, une fois encore, est solidement construite et ficelée. On peut se
demander, au début, où vont nous entraîner les différents protagonistes qu'on
suit d'un lieu à l'autre, dont on se demande, pour certains (certaine), ce
qu'ils cachent mais on ne les lâche pas car on veut savoir....
Armand Verrotier est tenace, il n'aura de cesse de
comprendre où vont les hommes, ce qu'ils transportent et pourquoi ... Il n'en
est pas moins humain et parfois il se laisse aller ... cela le rend crédible,
attachant. Des thèmes d'actualités sont abordés dans cette nouvelle intrigue :
le transport de caissons au contenu chimique, leur impact sur l'homme et la
nature, les dangers pour la santé, les risques qu'on prend en dénonçant une
malhonnêteté si personne ne nous croit ou si les supérieurs minimisent (qui de
nous n'a jamais fermé les yeux en se disant qu'il ne serait pas écouté?)....
J'ai beaucoup apprécié cet opus, au delà du plaisir de
retrouver Armand Verrotier et ses aventures, le style de l'auteur est pour moi,
une façon de retrouver l'océan si cher à mon cœur.....
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