"Casco Bay" de William G. Tapply (The Gray Ghost )


Casco Bay (The Gray Ghost)
Auteur : William G. Tapply
Traduit de l’américain par François Happe
Éditions : Gallmesteir (6 Juin 2008)
ISBN : 978-2-35178-018-3
304 pages

Quatrième de couverture

Sept ans après le mystérieux accident qui a effacé sa mémoire, Stoney Calhoun a repris sa paisible existence de guide de pêche, partagée entre la boutique de la belle Kate Balaban et sa cabane isolée dans les bois du Maine. Jusqu'au jour où, sur une île inhabitée de Casco Bay, il découvre un cadavre entièrement carbonisé. Peu de temps après, le client qui l'accompagnait est assassiné. Malgré ses réticences, Calhoun est entraîné dans l'enquête du shérif Dickman et ses vieux réflexes reviennent.

Mon avis

« Le matin, qui est le moment le plus mémorable de la journée, est l’heure de l’éveil. C’est alors que la somnolence est la plus faible en nous, et, l’espace d’une heure, au moins, s’éveille une partie de nous-mêmes qui, tout le reste du temps, sommeille. » Thoreau, cité page 11 de Casco Bay

Sans mon filleul Bernard, je n’aurais pas lu cet auteur et cela aurait été dommage.
En effet, j’ai fermé ce livre à regret …

Monsieur Tapply est un grand écrivain.
Ecrire un roman policier en étant poétique, d’une écriture fine, ciselée, où chaque mot est choisi, à sa place, relève d’un réel talent.

Evoquer, au milieu d’un roman policier, une partie de pêche avec poésie est un vrai challenge.

"Pendant qu’ils suivaient l’attaque des poissons, le soleil avait percé l’horizon. Maintenant sa lumière filtrait à travers le mélange de brume et de brouillard humide. Aussi loin que l’œil portait, la mer était plate. Les îlots rocheux qui parsemaient la baie n’étaient que des masses grises bosselées. "

Le rythme de ce policier s’apparente à la nature, omniprésente, dans laquelle il se déroule: flux, reflux, au rythme des vagues, du temps … On suit les personnages : c’est salé, venté, ensoleillé, mais jamais violent, ni tourmenté, ni torturé …

L’écriture est fluide, d’une qualité exceptionnelle. Le ressenti de Stoney Calhoun est évoqué avec pudeur et profondeur. Ses sens ont été modifiés lorsqu’il a été foudroyé. Il appréhende la vie avec philosophie, il accepte les événements comme ils viennent, « Carpe Diem », pourrait être sa devise …

Cet homme m’a reposée, il est calme, posé, profond, peu démonstratif. J’aurais aimé marcher à ses côtés, pêcher avec lui, regarder la nature en sentant sa présence rassurante … Je l’ai imaginé un peu ours, solitaire, préférant la nature et son chien à la compagnie bruyante et parfois compliquée des hommes.
Sa relation avec son chien est évoquée avec délicatesse, ils ont besoin l’un de l’autre.
Sous des dehors bourrus, Calhoun est un homme profond, un homme vrai, droit dans ses rangers ou ses bottes, un homme avare de mots, chassant l’inutilité, le superflu pour revenir aux vraies valeurs, celles de l’amour qu’il porte à Kate entre autres … Kate qui lui dit « Tu es un homme bon. »

Vous le comprendrez aisément, ce n’est pas un polar qui vous essouffle, vous prend à la gorge, un de ces livres où les actions s’enchaînent sans temps mort. Non, ce n’est pas un roman policier ordinaire …
Il est tout en émotions, en sensations, en images, en sentiments et c’est ce qui en fait sa vraie richesse …

Chapeau bas Monsieur Tapply, je vous relirai avec bonheur, quel dommage de savoir que vous n’êtes plus là pour continuer votre œuvre …

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