Je suis un guépard
Auteur : Philippe Hauret
Éditions : Jigal (15 Mai 2018)
ISBN: 978-2-37722-037-3
216 pages
Quatrième de couverture
Le jour, Lino, employé anonyme d’une grosse boîte, trime
sans passion au 37e étage d’une tour parisienne. La nuit, dans son studio
miteux, il cogite, désespère, noircit des pages blanches et se rêve écrivain…
Un peu plus loin, Jessica arpente les rues, fait la manche et lutte chaque jour
pour survivre. Deux âmes perdues qui ne vont pas tarder à se télescoper et
tenter de s’apprivoiser, entre désir, scrupule, débrouille et désillusion…
Mon avis
Voici un excellent roman noir sociétal avec des personnages
comme on peut en croiser au détour d’une rue. On rencontre, en tout premier
lieu, Lino, un homme simple. Il vit de peu et rêve en secret de devenir
écrivain. Il est assez solitaire et ceux qui le côtoient le connaissent peu
mais ne le trouvent pas désagréable pour
autant. Dison qu’il s’accommodent les uns des autres. Sa vie suit un long
fleuve tranquille, morne et sans
fantaisie jusqu’au jour où une jeune femme sans domicile fixe se réfugie dans
son immeuble, qui plus est, sur son palier ! « Chacun chez soi »
et « Chacun ses choix » se dit Lino qui ne veut pas être dérangé dans
sa routine, fut-elle maussade. Mais cette fille sur le paillasson d’â côté, ça
le titille et il finit par lui parler et alors, n’écoutant que son cœur, il lui
ouvre sa porte. S’en suit alors une relation tour à tour porteuse d’espérance,
perturbatrice, déstabilisante, heureuse
mais pas vraiment stable et le cours du fleuve devient tumultueux .…. Ces
deux-là sont-ils faits pour s’entendre, se comprendre, s’écouter,
s’accompagner, s’aimer ? Sont-ils prêts à abandonner une part de leurs
rêves pour se lancer dans une aventure
commune ? Quel poids, quelle influence le passé de chacun peut-il en avoir
sur leur avenir commun ?
Jessica, elle, vit de rien ou de presque rien. Elle s’est
parfois trompée en ne donnant pas sa confiance aux bonnes personnes … Mais elle
avance cahin caha, de ci, de là (comme dans la chanson), surtout sans
contrainte, parce que ça, elle n’en veut pas… Est-elle en mesure de se poser,
de s’investir dans un travail fixe et de vivre « rangée des voitures » ?
C’est toute cette ambivalence que nous
présente l’auteur. L’envie de vivre dans la normalité et en parallèle, ce
besoin de liberté qui vous colle à la peau malgré les risques encourus. L’argent
facile à gagner pour ceux qui réussissent et si dur à accumuler (pour un mini
plaisir) pour les autres…. Comment ne pas souffrir devant ce qui peut
ressembler à de l’injustice ? Comment ne pas être révoltés ?
Avec une écriture affinée, parfois poétique lors des
descriptions physiques ou morales de
certains protagonistes, l’auteur nous fait pénétrer l’air de rien, dans le
monde des petites gens, de ceux que l’on aurait tendance à oublier, tant ils
peuvent paraître transparents … jusqu’au jour où ….par le biais d’une coïncidence,
d’une rencontre, leur quotidien change, prend un virage, bascule ….. Parfois,
ils le maîtrisent mais bien souvent, ils leur échappent et ces hommes et femmes
s’inscrivent alors dans le schéma d’une vie cabossée par les événements où tout
peut arriver… le meilleur comme le pire….
Ce livre se lit comme on regarde un reportage sur notre
société, il est vivant, profond, abordable et parle autant à la tête qu’au cœur…..
NB : Régulièrement, au fils des pages, des titres
musicaux sont évoqués…. N’hésitez pas, ils donnent corps au livre….(Ah Arthur
H…) Et il y a des films également …..
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