Requiescant
Auteur : Patrick S. Vast
Éditions : Fleur Sauvage (Février 2015)
ISBN : 979-1094428016
240 pages
Quatrième de couverture
Une chaleur étouffante, presque inédite Une petite ville, protégée
à l'extrême Son lotissement, ses craintes et ses secrets Et cette première mort
Intrigante... Dérangeante...
Mon avis
Un CD de John Coltrane (My Favorite Things ou un autre), une
boisson fraîche si vous voulez être dans l’ambiance du livre, ou chaude si vous
souhaitez celle de saison (il fait moins deux lorsque j’écris cette chronique),
ah, j’oubliais, fermez les portes et les fenêtres, prévoyez un bon canapé…
C’est bon ? Alors, mettez-vous à la lecture et ce sera un
vrai plaisir, tous les ingrédients extérieurs sont réunis et pour ceux qui
viennent de l’intérieur, pas de soucis, ils sont bel et bien présents dans ce
nouveau roman de Patrick S. Vast.
Vous découvrirez : des personnages attachants ou
détestables, mais peu vous paraitront indifférents ; une écriture vive et
acérée, vous laissant sans souffle et sans voix ; une intrigue bien ficelée
avec ce qu’il faut de rebondissements et d’actions et une dose de fantastique
(style anticipation) qui ajoute à l’ensemble une touche d’originalité.
Pour les prochaines élections, imaginez qu’un parti intitulé
POE (parti de l’ordre et de l’efficacité) se présente, vous voteriez pour lui ?
A Villeneuve-sur-Deûle, près de Lille, le maire, Martial Delorme, est de ce
bord et a été élu. C’est la canicule et dans le lotissement qu’il a fait
construire en un temps record alors qu’il avait été détruit par une tornade, la
vie est calme. Tout est propre et bien rangé. Bien sûr, le règlement intérieur
est presque trop sévère et il y a des vigiles qui circulent, mais chacun s’en
accommode en pensant que c’est mieux pour sa sécurité. On pourrait presque
mettre un panneau : « Ici, c’est mieux qu’en face ! » En face, c’est de l’autre
côté du terrain vague qui borde le lotissement, il y a de vieux immeubles et on
ne sait pas trop qui les squatte… Et forcément, ces « gens là » doivent avoir
des choses à se reprocher….
Tout tranquille qu’il est ce lotissement vient d’être le
théâtre d’une mort bizarre, un brave homme qui promenait son chien est retrouvé
décédé et pourtant personne n’a passé l’enceinte du lieu… donc le tueur est un
des habitants !!! Le climat tourne à l’insécurité, à la surveillance des
voisins, à l’ anxiété…. Et tout le monde sait que lorsque les hommes ont peur,
ils n’ont plus de sens commun, ils perdent toute rationalité et la suspicion
s’installe….
Dans ce livre à l’histoire habilement menée, l’auteur aborde
des sujets graves. Les politiques aux dents longues qui sont prêts à tout pour
avancer, écrasant ce qui dérange ou gêne sur leur passage sans se soucier des
dégâts collatéraux comme si la réussite des projets pouvait tout justifier,
sans oublier les magouilles et les pots de vin. La peur et l’effet de groupe ,
la première étant mauvaise conseillère et entraînant les hommes à des attitudes
violentes et extrêmes, non réfléchies. Les liens familiaux: doit-on tout dire à
l’être aimé ? Doit-on tout accepter ? Et puis, qu’en est-il des pactes que l’on
fait « avec le diable » ? De ces arrangements à la limite de la légalité, pas
très nets, mais pour certains acceptables ? Que se passe-t-il lorsque la
culpabilité nous rattrape ? Est-elle lourde à porter ou peut-on l’oublier , la
laisser de côté? C’est tout cela que Patrick S. Vast évoque avec finesse, avec
pudeur, mais également avec beaucoup de doigté.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture, que je n’ai pas lâchée
une fois commencée. L’auteur a réussi à me surprendre alors que, ayant lu d’autres
romans de lui, je m’imaginais assez bien le connaître. J’ai trouvé que tout
était mis en place d’une façon intelligente, que la note fantastique était un
plus, que les dialogues sonnaient vrais et surtout que l’atmosphère était très
bien retranscrite, prenante et donnant envie d’en savoir plus.
Une belle réussite que cet opus !!
Une question Monsieur Vast : rassurez-moi, la directrice de
l’école ne vous a pas été inspirée par une femme existante dans la réalité ? Si
c’était le cas, tenez la à distance de ma ville, je n’en veux pas comme
collègue….
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire