"Né sous les coups" de Martyn Waites (Born under Punches)


Né sous les coups (Born under Punches)
Auteur : Martyn Waites
Traduit de l’anglais par Alexis Nolent
Éditions : Rivages Noir (Septembre 2015)
ISBN : 978-2743633349
480 pages

Quatrième de couverture

1984 : Margaret Thatcher est au pouvoir, les mineurs sont en grève. "Deux tribus partent en guerre", pour reprendre un tube célèbre. À Coldwell, cité minière du Nord, les mineurs ont lutté quasiment jusqu'à la mort, mais ça n'a pas suffi : manipulant l'opinion, recourant à la violence policière, les Tories avaient, à l'époque, méthodiquement cassé les reins du mouvement ouvrier. Pour les vaincus, le prix de la défaite sera exorbitant : vingt ans plus tard, Coldwell est une ville sinistrée, gangrenée par tous les fléaux sociaux. Né sous les coups est la fresque de tout un monde mis à terre qui lutte pour survivre sur deux générations, baignant dans la musique anglaise des années 70 et 80.

Mon avis

« Né sous les coups » est un roman noir, dur, mais superbement écrit. Je n’avais jamais entendu parler de ce récit et si j’étais passée à côté, je l’aurais regretté.

Les chapitres alternent entre « maintenant » (2001) et « avant » (1984). Il y a en toile de fond, les événements politiques de l’époque, les musiques (une play lits très bien choisie) et les émissions de télé. On se sent, de ce fait, tout de suite dans le contexte et on adhère beaucoup plus facilement aux personnages et à ce qu’ils vivent. Pas besoin de réécouter Renaud pour se souvenir de Margaret Thatcher et de sa poigne de fer (avait-elle un gant de velours ?...)  Les mineurs sont en grève, essaient de s’opposer aux décisions du gouvernement mais la répression est violente, très violente…. L’auteur nous montre ce combat, il nous rappelle comment les informations peuvent être transformées…
Un journaliste, Stephen Larkin,  essaie de dévoiler les faits bruts, tels qu’ils sont mais ses articles sont « remis en forme », histoire d’être plus dans le business….  Les autres protagonistes, notamment Tony, un footballeur qui n’a pas fréquenté les bonnes personnes, sont très intéressants par leur diversité et par la façon dont Martyn Waites les présente . On rencontre aussi : Louise, une jeune femme qui cherche l’amour et qui n’arrive pas à savoir ce qui est bon pour elle ;  Tommy, le voyou du coin, brutal et impulsif ; Mick un syndicaliste …. En 1984, ils se croisent, tissent des liens et presque vingt ans plus tard, le journaliste revient et là, c’est le choc….

Qu’est-il advenu de ceux qu’il a croisés il y a des années ? Comment ont-ils vécu leurs rêves, leur idéal ? Désillusion, difficultés pour chacun de trouver une voie, une place dans la société, réussite professionnelle ou échec, espoirs déçus ou réalisés ? C’est une peinture d’une société qui souffre que nous présente l’auteur, avec, malgré tout, un cheminement vers la  rédemption pour quelques uns …..Au milieu de tout ce noir, une fine lueur pour croire que peut-être…
« […] : au-delà des nuages, une petite lumière blanche. Un rayon de soleil à travers de lourds nuages. Une petite, fragile, révélation. »

Malgré le côté excessivement dur et bouleversant de ce récit, il se lit très bien. Il est très rythmé, l’alternance passé / présent maintient notre attention et notre souhait de connaître l’évolution de tous ceux qu’on côtoie. L’écriture et le style sont très vivants, fluides.

Ce n’est pas un texte politique mais l’approche de l’auteur fait nettement comprendre son opinion et c’est courageux. Il n’hésite pas à nous rappeler certains faits et à nous ouvrir les yeux sur ceux qui gouvernent … pas forcément bien d’ailleurs….

Cette lecture a été une révélation pour moi.  Je ne crois pas que ce livre soit très connu et c’est vraiment dommage….

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