Auteur : Cédric Cham
Éditions : Jigal (Septembre 2018
ISBN : 978-2-37722-044-1
280 pages
Quatrième de couverture
Vrinks, fiché au grand banditisme, finit de purger une
longue peine en centre de détention quand on lui annonce brutalement que le
corps mutilé de sa fille Manon a été retrouvé dans un fleuve. Fou de rage, il
ne pense plus qu’à s’évader pour la venger… Amia, jeune femme d’une vingtaine
d’années, prisonnière d’un sordide réseau de prostitution, réalise soudainement
qu’elle va être mère ! C’est peut-être le signal qu’elle espérait pour trouver
la force de fuir les griffes de ses bourreaux.
Mon avis
Du gris clair au noir
foncé….
Trois personnages atypiques vont s’effleurer, se croiser, se
chercher, se percuter dans le dernier roman de Cédric Cham. Il y a Amia, une
jeune femme tombée dans la prostitution par hasard, par erreur, par un de ces
concours de circonstances qui vous entraînent là où vous ne voulez pas aller.
Simon, un ancien braqueur, devenu détenu modèle qui n’est pas loin de la
liberté conditionnelle. Alice, une flic efficace qui ne laisse rien voir sous
la carapace qu’elle a forgée pour se protéger. Chacun d’eux a une route
(presque) tracée, une projection de l’avenir pratiquement établie même si ce
n’est pas la meilleure. Mais il suffit d’un grain de sable, d’un tout petit
truc et l’équilibre se rompt. La transmission de la vie, la mort, la maladie,
chacun son caillou dans sa chaussure et tout boîte. Que faire ? Continuer le
chemin au risque de se perdre, de ne plus jamais se regarder en face dans un
miroir ? Essayer de changer le cours du destin, de lutter quels que soient
les écueils, les préjudices probables ? Qu’est-ce qui pousse un homme, une
femme sur une voie plutôt qu’une autre ? La réponse est simple :
l’amour. Que ce soit celui de la chair de sa chair, celui de son travail, celui
de la vie ….
C’est avec un style fort, puissant, une écriture percutante et
limpide que l’auteur nous fait entrer dans son intrigue. On croit très vite
avoir touché le fond mais les ténèbres sont là, de plus en plus profondes, de
plus en plus obscures et elles nous engloutissent, nous submergent. Les trois
protagonistes sont attachants, chacun à sa manière, avec sa part d’ombre, ses
failles, sa soif de justice, son désir de mieux faire. Avancer encore et
encore, malgré tout ce qui se met en travers, se prouver que c’est possible,
que l’on peut rester fidèle à la décision prise en amont, que l’on va y arriver,
que l’on peut surnager. Ces trois-là souffrent, chacun se disant qu’à chaque
jour suffit sa peine, un pas après l’autre. Jusqu’où iront-ils ? Loin, si
loin, au bout du chemin …. se battant au quotidien, essayant de rebondir après
chaque événement tragique, difficile à vivre, que ce soit moralement ou
physiquement. Ils sont différents mais
également si semblables dans leurs souffrances, et pour ça, ils peuvent se
comprendre….
J’ai eu la chance de rencontrer Cédric Cham à la fête du
livre de Saint-Etienne et lorsqu’on le voit si calme, si posé, si serein, on se
demande où il puise son inspiration. Ce récit est noir, du vrai noir pur et
dur, qui vous marque au fer rouge, qui vous laisse pantelant, car on le sait,
on n’est pas loin de certaines « horreurs » qui existent réellement et
contre lesquelles la société doit lutter. Son récit a des accents d’authenticité et il
est d’autant plus marquant pour cela.
Oui, c’est terrifiant ; oui, c’est captivant (mais dérangeant
car on lit des choses sordides dont on sait qu’elles peuvent être réelles) ;
oui, c’est addictif tant les phrases sont lourdes de sens, l’atmosphère précise
et vivante et les différents individus bien en place. C’est un ensemble
parfaitement maîtrisé et Cédric Cham a sa place dans la cour des grands !
NB: Et quelle belle play list !
NB: Et quelle belle play list !
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