Stavros
Auteur : Sophia Mavroudis
Éditions : Jigal (Septembre 2018)
ISBN : 978-2-37722-043-4
240 pages
Quatrième de couverture
Athènes, à l’aube… Un morceau de la frise du Parthénon a
disparu et le cadavre d’un archéologue gît au pied de l’Acropole. Le passé du
commissaire Stavros Nikopolidis vient de ressurgir violemment ! En effet,
quelques années auparavant, sa femme Elena – alors responsable des fouilles
archéologiques – disparaissait mystérieusement au même endroit. Depuis, Stavros
n’est plus que l’ombre de lui-même… Mais aujourd’hui les signes sont là.
Rodolphe, le probable meurtrier, son ennemi de toujours, est revenu…
Mon avis
O Grèce si tu savais …..
Ce roman met en scène
le commissaire Stavros Nikopolidis mais également
un pays. Une contrée que l’auteur nous fait découvrir de pages en pages en toile
de fond de son intrigue. Très vite, la Grèce est aussi importante que les
événements de l’histoire qu’on nous conte et devient personnage à part entière.
Sophia Mavroudis, issue de deux cultures, sait de quoi elle parle et elle le
fait bien. On sent toute la douleur de voir ce lieu qu’elle aime (car cela ne
fait aucun doute) en proie à des « dérèglements » : la corruption,
la crise économique et sociale (avec l’adhésion
à l’union européenne qui a engendré de gros problèmes), la perte d’identité,
les difficultés des moins riches (car les autres arrivent maintenant à s’en
sortir), les trafics de toutes sortes etc.
Mais revenons à Stavros à qui est confié une nouvelle
enquête. Sa femme a disparu sur un chantier de la frise du Parthénon (elle
était responsable de fouilles archéologiques) il y a une dizaine d’années.
Depuis il survit, aidé par l’alcool et le tabac ainsi que la présence de son
fils, même s’il le néglige. Il n’est plus que l’ombre de lui-même et ne s’accroche
à rien, à part son mégot et son verre. Même le jeu de tvali ne l’intéresse
plus, c’est dire ! Son passé familial est douloureux et il en porte les
stigmates car il n’a pas pu établir de véritable lien avec son père. Il n’est
pas facile à vivre ni à la maison, ni au boulot. Capable du meilleur comme du
pire…surtout du second d’ailleurs…. Il peut devenir totalement incontrôlable.
« On n’en finit
pas avec le mal, Stavros. Il fait partie de la nature humaine, tout comme le
bien. il pave notre chemin, s’insinue dans nos vies. Ne vous consumez pas en le
combattant. »
Son chef, Livranos, est tout ce qu’il n’est pas. Ils ne sont
pas issus du même milieu, ils ne travaillent pas avec les mêmes méthodes et surtout ils ne lisent pas la même chose
(difficile de se comprendre, n’est-ce pas ?) Malgré tout, peut-être à
cause des similitudes avec ce qu’il s’est passé dix ans en amont, c’est à lui
qu’il demande de résoudre la dernière affaire. Il va être aidé par un collège
geek très doué et par Dora, une « guerrière ». Se
fiant à son instinct, impulsif trop souvent, il fonce souvent tête baissée et
oublie toute prudence …. Stavros va devoir réfléchir et anticiper s’il veut
coincer celui qui prend plaisir à le manipuler dans l’ombre.
Sophia Mavroudis maîtrise parfaitement les différents thèmes
qu’elle aborde et ses connaissances sont solides. Que ce soient les stratégies
du jeu de tvali (que Stavros utilise dans son approche de celui qu’il traque),
la relation père-fils évoquée avec diverses approches, les difficultés
quotidiennes de la vie pour certains grecs ou le passé de son pays. Ses
personnages sont de vrais héros, très charismatiques et presque « théâtraux »,
ils ont des caractères bien affirmés, et les secrets, les non-dits les bloquent
dans leur communication à l’autre. Le rythme est soutenu. L’atmosphère de ce recueil
est particulière, je le redis, au delà des recherches policières, c’est tout ce
qu’il y a à côté qui donne une « dimension », une profondeur intéressantes
à ce récit. Quant à l’écriture et au style, ils sont de qualité avec un
vocabulaire de qualité très recherché.
Et par-dessus tout, à travers l’enquête de ce policier
atypique et attachant, l’auteur présente un plaidoyer pour la Grèce, espérant
qu’elle retrouve équilibre et bonheur de
vivre.
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