Eh bien dansons maintenant !
Auteur : Karine Lambert
Éditions : Jean Claude Lattès (Mai 2016)
ISBN : 9782709656641
282 pages
Quatrième de couverture
Elle aime Françoise Sagan, les éclairs au chocolat, écouter
Radio Bonheur et fleurir les tombes.
Il aime la musique chaâbi, les étoiles, les cabanes perchées
et un vieux rhinocéros solitaire.
Marguerite a toujours vécu dans l’ombre de son mari. Marcel
a perdu celle qui était tout pour lui. Leurs routes se croisent, leurs cœurs se
réveillent. Oseront-ils l’insouciance, le désir et la joie ?
Mon avis
« On ne refuse pas la
chance »
Pour son mari, Marguerite, (Maguy pour être plus distinguée
avait-il dit), était une petite chose fragile, la personne « obligatoire » pour
afficher un bon standing de vie et une épouse parfaite. Pas de fantaisie, pas
de folie. Une vie lisse, réglée, installée où il organisait, décidait et elle,
elle subissait…. Elle s’en accommodait et lorsqu’elle se retrouve veuve, son
fils prend le relais. Il la surveille, « l’enferme » dans un quotidien étroit
où tout est planifié, poli et prévu. « II est fils unique, il n’y a que lui
pour maintenir les choses en place, comme son père l’aurait voulu. » Surtout ne
pas déroger de cette ligne droite, toute tracée, qu’il faut suivre. Un chignon
tiré, des vêtements sobres et l’obéissance, toujours l’obéissance…. Elle ne
sait rien faire seule ou plutôt elle ne sait plus car au fil du temps, son mari
triste et raide comme un parapluie, l’a privée de toutes initiatives.
Lui, c’est Marcel, il a perdu sa femme et son univers est
passé de la couleur au noir et blanc… Il ne cuisine plus et se traîne dans la
vie. Elle lui manque tant son aimée…. « Seul, il végète. Il a besoin d’être
deux, c’est l’autre qui l’enracine. »
Une rencontre improbable les met face à face… et ils se
demandent (surtout elle, qui a toujours vécue toute en retenue) s’ils peuvent
oser « à leur âge ». Oser quoi ? Peut-être « vivre » tout simplement…. On va
les suivre dans leurs balbutiements, leurs hésitations, leurs questionnements
de personnes à qui, peut-être, la vie peut sourire à nouveau…
L’écriture de Karine Lambert est toute en tendresse et
délicatesse. La nostalgie affleure dans les pages, comme un parfum un peu
suranné qu’il fait bon humer. Il y a beaucoup de douceur entre Marcel et
Marguerite. Il est intéressant de découvrir comment leur progéniture respective
réagit face à cette nouvelle situation qui les surprend. Que font leurs parents
? Ont-ils raison ou tort ? Comment accepter qu’une personne rentre dans la vie
de nos père ou mère pour vivre là où l’on avait, avant que la mort intervienne,
un couple « référence » ? Que faire des souvenirs qui ne sont pas communs ?
Effacer, garder une trace, une place, vivre, continuer, s’arrêter, se morfondre
?
C’est avec beaucoup de doigté que l’auteur aborde ces
différents sujets. Elle le fait avec une nostalgie de l’instant qui transpire
entre les lignes. Le style est comme les deux personnages principaux : beau et
posé avec une pointe de fantaisie.
C’est un livre comme je les aime. Il vous emmitoufle comme
deux grands bras dans un après-midi pluvieux et vous permet de voir, là-bas,
derrière, au loin, le coin de ciel bleu qui ne manquera pas de revenir un jour…
Et même si la fin m’a un peu laissé le cœur en vrac, me rappelant que la vie
c’est aussi comme ça, je relirai ces pages car Marcel et Marguerite sont
tellement « présents » dans le texte qu’ils font presque partie de ma
famille…..
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