Le pays des oubliés (The Fighter)
Auteur : Michael Farris Smith
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Fabrice Pointeau
Editions: Sonatine (17 Janvier 2019)
ISBN : 978-2355846458
250 pages
Quatrième de couverture
Abandonné à la naissance, Jack est passé d'orphelinats en
foyers, avant que Maryann le prenne sous son aile. Aujourd'hui celle-ci vit ses
derniers jours et sa propriété est menacée par les banques. Jack, veut à tout
prix conserver cet héritage, doit trouver l'argent nécessaire. Mais, le corps
cassé par une vie de combats, il ne se sent plus la force d'avancer. Il doit
aussi affronter Big Momma Sweet, qui règne sur cet
empire du vice qu'est le delta du Mississippi.
Mon avis
Bouleversant …
Comme dans son roman précédent « Nulle part sur la
terre », Michael Farris Smith donne la parole à ceux que l’Amérique
oublie. Pas forcément des laissés pour compte, mais des hommes et des femmes
malmenés par la vie, cabossés, secoués. Des personnes qui ne font pas toujours
les bons choix mais qui sans arrêt se relèvent et essaient d’avancer…. Il parle
d’eux avec une écriture qui irradie. Chaque mot, lourd de sens, parfois très
sombre, scintille malgré tout car porté par un style qui magnifie le récit, qui
lui donne vie malgré des faits graves, des histoires obscures. C’est poétique,
plein de sensibilité, poignant.
« Juste ce
sentiment d’être une âme singulière parmi les vivants infinis et les morts
innombrables avec cette terre noire collée à la peau de nos pieds nus. »
Je remercie le traducteur, Fabrice Pointeau, qui a su
trouver les termes les plus appropriés pour chaque phrase, gardant ainsi la
force et la puissance du style de l’auteur.
Il s’appelle Jack, Jack Boucher, « un nom qui signifie quelque chose en français ». Abandonné à
la naissance, il a été balloté de foyer en foyer puis Maryann l’a accueilli,
recueilli, comme on prend sous son aile un animal blessé…. Elle l’a accepté
comme il était. Il vivait avec la peur de se retrouver seul une fois encore
puis ces deux-là se sont compris. Il a grandi. Une vie de combat, même si sa
tutrice aurait souhaité autre chose pour lui. Il est maintenant blessé dans son
corps et son esprit, et doit une énorme somme d’argent à Big Momma Sweet. C’est
une femme qui ne lâchera rien et qui veut renter dans ses frais. Maryann elle,
est arrivée au bout de sa vie et son esprit se perd. Jack veut lui donner une
dernière fois l’image de « l’homme bien » qu’il est au plus profond
(ou qu’il a essayé d’être ?) en payant sa dette et en gardant la maison et
le terrain qu’elle lui a légués. Comment
faire ? Comment cet homme usé a-t-il encore la force de chercher une
solution ? Lui, qui est au bord du gouffre ne risque-t-il pas de prendre
de mauvaises décisions ? Big Momma Sweet et ses hommes rodent, observent, soufflent
le chaud et le froid…. Et lui se bât contre les autres, contre lui-même et
surtout contre ses démons.
Le texte est tellement réaliste, fait de peu de mots que
chaque chapitre vous frappe en plein cœur. On s’attache à Jack, malgré ses
défauts, ses faiblesses. Son passé est si douloureux à porter. J’ai aimé les
conversations qu’il a avec ceux qu’il rencontre, elles donnent de la profondeur et
un autre éclairage aux événements. Cet homme est un battant, un combattant, un
de ceux que vous n’oubliez pas une fois le livre refermé.
« Puis il prit
une grande inspiration et ferma les yeux, et dans les cavernes de son esprit
abîmé il chercha tous les fragments de haine et de ressentiment, et ces fragments
avaient des bords tranchants. »
Lorsque je lis Michael Farris Smith, je suis complètement en
osmose avec ce que je découvre. Je termine, presque épuisée, tant je suis en
symbiose avec les personnages. J’ai fait connaissance avec Jack, je l’ai
accompagné sur la route, j’ai souffert avec lui et je sais qu’il restera gravé
en moi.
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