Le dernier pape (O Último Papa)
1er volet de la série Complots au Vatican
Auteur : Luís Miguel Rocha
Traduit du portugais par Vincent Gorse
Éditions de l'Aube (6 Mars 2015)
ISBN : 978-2815908375
500 pages
Quatrième de couverture
29 septembre 1978 : le monde apprend que le pape Jean-Paul
Ier a été retrouvé mort dans son lit, 33 jours après son élection. Pourtant,
jamais jusque-là un pape n’est mort sans témoin. Et le Vatican ordonne que le
corps soit embaumé dans les 24 heures, excluant toute autopsie… 2006 : Sarah
Monteiro, journaliste portugaise installée à Londres, vient à peine de
découvrir dans son courrier une liste de noms – dont celui de son propre père –
qu’elle subit une première agression. À coup sûr, cette liste la met en danger.
Aiguillée à distance par son père, elle se retrouve aussitôt embarquée dans une
course-poursuite incroyable entre l’Angleterre, le Portugal, les États-Unis et
le Vatican. Protégée par le très mystérieux Rafael, confrontée à des hommes
prêts à tout pour mettre la main sur cette liste, Sarah va, bien malgré elle,
se retrouver mêlée à un véritable et terrifiant complot, qui ne serait pas sans
rapport avec le décès de Jean-Paul Ier…
Mon avis
Magistral !!!
Mais comme il s'agit du volet un d'une série de trois, je
n'aurais jamais dû commencer car maintenant, je suis là, les bras ballants à me
demander s'il faut que j'apprenne le portugais pour lire la suite plus
rapidement...
Je disais donc : magistral, pourquoi ?
L'écriture est posée et (se) « déroule » à la manière d'une
caméra balayant les différents lieux et les situations présentées . Œil
extérieur aux événements, elle donne un « rendu » original « Observons cet
homme qui se tourne et se retourne.... » On pourrait penser que celui qui
écrit, qui décrit, se contente d'énoncer froidement des faits en les présentant
: « Laissons-le et dirigeons-nous.... » mais cette façon de faire crée
une ambiance feutrée, propice aux confidences. On a l'impression que « la voix
off » (derrière laquelle se cache habilement l'auteur) nous murmure des
secrets, des confidences, nous entraînant sur des chemins ardus avec les
différents protagonistes, Alors que je pensais, dès les premières lignes, que
cette façon de rédiger allait me « laisser sur le bas côté », je me suis vite
aperçue que c'était le contraire. Cela permet d'avoir un certain « recul »,
d'analyser ce qui se vit « sous nos yeux » et de prendre parti en s'appropriant
selon les circonstances, les émotions des uns ou des autres.
L'intrigue est adroitement menée, mise en place de main de
maître et suffisamment « prenante » pour que le lecteur reste scotché aux
pages. De plus, elle mêle avec brio : fiction et réalité, complots en tous
genres, ajoutant un brin de mystère par le biais des loges maçonniques, du
Vatican et des grands de ce monde (qui tireraient peut-être les ficelles de nos
sociétés)... elle nous renvoie à nos questions, à notre peur ancestrale d'être
manipulés, dans des manœuvres nous dépassant totalement. Le plus souvent, le
fait de ne pas savoir si ce que je lis a réellement existé (lorsque cela est
possible) m'énerve prodigieusement. Je n'aime pas que l'écrivain me prenne pour
un lapin de trois semaines et je veux savoir. Et bien là, je n'ai pas passé mon
temps à aller vérifier pour démêler le vrai du faux, Je me suis laissée porter
(avec un vrai bonheur) par l'histoire car après tout, que pourrais-je changer à
ce qui s'est déroulé en 1978 ?
Le livre alterne plusieurs époques dont l'année 1978 avec la
mort du Pape Jean Paul 1er, celui qui avait dit : « tempestas magna est super
me » (« une grande tempête est sur moi »). Sa mort a été controversée à
l'époque, puisqu'il n'y a pas eu d'autopsie et cela a donné libre cours à
beaucoup d'interprétations. Cet ouvrage nous en offre une, sur fond de secrets
d'état plus ou moins bien gardés, de complots pour le pouvoir, de
relations troubles, de services secrets
pas très nets, d'hommes de droit peu honnêtes, d'erreurs de jeunesse...
Les personnages sont subtils, surprenants, rusés pour
certains, fourbes pour d'autres, ni dans le bien, ni dans le mal pour le
plupart, tous ayant une part d'ombre. Seule Sarah semble plus « lisse » bien
qu'elle ait plus d'un tour dans son sac (forcément elle a l'intelligence et la
pugnacité d'une femme;-). Les autres oscillent, faisant apparaître des côtés
cachés, une face sombre, discrète, qu'ils ne veulent pas dévoiler tout de
suite. On sent que dans les deux autres volets faisant suite à celui-ci, les
individus n'ont pas fini de nous surprendre....
J'ai beaucoup apprécié cette lecture, les descriptions fines
des actes et des lieux (j'ai retrouvé le Londres que je connais, j'ai eu froid
dans les souterrains au Portugal....). L'écriture est riche et permet de
s'approprier le contenu avec précision comme si on voyageait dans le temps et
l'espace avec les gens qui peuplent les pages....
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