"Tristan" de Clarence Boulay


Tristan
Auteur : Clarence Boulay
Éditions : Sabine Wespieser (4 Janvier 2018)
ISBN : 9782848052793
194 pages

Quatrième de couverture

L'émotion est grande pour Ida quand, un jour de mars, elle monte sur un langoustier en partance du Cap pour Tristan, une île accessible uniquement par bateau : la peur de l'inconnu, et aussi la tristesse de laisser Léon à quai. La veille du départ, ils ont tiré au sort la seule place qui leur avait finalement été accordée parmi les douze passagers admis à bord. Au fil des sept jours de traversée en plein Atlantique Sud, les repères d'Ida commencent à basculer. Elle ne sait rien de ce qui l'attend

Mon avis

Il est des espaces où tout vacille….

Au Nord des Quarantièmes rugissants, dans l’Atlantique Sud, se trouve l’île de Tristan. Tristan da Cunha est un archipel volcanique, un espace de terre isolé du monde. C’est là qu’Ida et son compagnon doivent se rendre. Mais il ne reste plus qu’une place sur le bateau et ils tirent au sort. C’est elle qui part et s’installe chez un couple de cette petite communauté où tout le monde se connaît. Il y a d’abord le voyage en mer de plusieurs jours qui la coupe un peu du temps présent puis l’arrivée sur ce bout de terre.
« Embarquer, c’est forcément prendre une distance, emprunter une tangente…. »

A partir de là, elle ne s’appartient plus, elle appartient à l’île, aux paysages tourmentés, à la météo qui décide, aux embruns, au vent, aux oiseaux, et ses repères volent en éclats. Ceux qui vivent là ont choisi, plus ou moins, d’y rester, de se marier avec le peu de femmes avec qui c’est possible (on est vite cousins lorsqu’on vit en huis clos). Les gens pêchent, travaillent à la coopérative, à l’épicerie, s’occupent des vaches. Le quotidien est rythmé par l’arrivée des bateaux, des activités et des coups de bourre lorsqu’il faut agir vite et bien. D’ailleurs, il faut sauver des oiseaux mazoutés par un cargo échoué et Ida se surprend à proposer son aide. Elle part sur l’île aux oiseaux seule avec trois hommes et arrive le bouleversement. Ida le livre à travers ses pensées mais aussi ses croquis.

Ce sont les bras de Saul, ses baisers, ses caresses, ses mots qui l’ont font vibrer, la font exister….
Et Léon, sont amour resté sur le continent et qui doit la rejoindre, qu’en est-il de lui ? Quel avenir se prépare-t-elle ?
« What happens in Bird Island stays in Bird Island. »
Ce qui se vit sur l’île reste sur l’île lui dit Saul…

Avec une délicatesse infinie, des mots sublimés par une écriture poétique, Clarence Boulay nous explique la montée en puissance de cet amour impossible. Ce moment, hors du temps, où tout bascule sans qu’on sache pourquoi, sans qu’on puisse lutter. C’est fougueux et impétueux comme une tempête (d’ailleurs les mots pour décrire la relation et la météo se « marient » à merveille). C’est fort et ça renverse tout sur son passage. Est-ce ainsi parce que le contexte s’y prête ? Ida et Saul sont différents mais leurs corps se parlent, leurs yeux se cherchent et leurs esprits se rejoignent. On ne sort pas indemnes d’un tel chambardement, d’une tourmente comme celle qu’ils vivent. Est-on affaibli ou grandi d’avoir vécu cela ?

Ce roman a été pour moi une magnifique découverte. Je l’ai trouvé écrit avec finesse, une exquise pudeur affleure sous les mots et Clarence Boulay nous livre un récit subtil où elle nous rappelle que loin de tout, on se retrouve face à soi et livré à ses propres choix …..

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