La prière du Maure
Auteur : Adlène Meddi
Éditions : Jigal (15 Février 2019)
ISBN : 978-2-37722-065-6
192 pages
Quatrième de couverture
" Le cortège des berlines blindées serpentait dans la
nuit et le brouillard. A travers les roseaux muets, suintaient les lumières des
phares. Faisceaux jaunes mordant l'obscure vapeur des enfers... Et Dieu
lui-même semblait avoir déserté... " Alger, les années 2000. Un jeune
homme disparaît. Pour régler une dette, Djo, commissaire à la retraite –
entêté, solitaire et amoureux – reprend du service et réactive ses réseaux.
L'enquête devient une inquiétante course contre la mort, les fantômes d'une
époque que tous croyaient révolue ressurgissent.
Mon avis
Uppercut !
On est au début des années 2000, à Alger, après dix ans de
lutte sanglante, la « décennie noire » qui mit la ville et le pays à
feu et à sang. On pourrait se dire que les gens sont tournés vers l’avenir,
heureux que tout cela soit derrière eux mais il n’est en rien. L’auteur nous
entraîne de l’autre côté du décor, loin des clichés d’Alger la Blanche, calme
et ensoleillée.
Djo est un commissaire à la retraite. Il a donné comme on
dit et maintenant il tente d’oublier, de se faire oublier et voilà qu’un appel
le remet en route. Un jeune homme a disparu et on lui demande d’activer ses
réseaux pour le retrouver au plus vite. Lui, il voudrait qu’on lui foute la
paix, qu’on le laisse tranquille, vivre sa vie mais c’est impossible. Djo doit
enquêter car il a une « dette » et il veut rester fidèle à sa parole.
En faisant cela, c’est comme s’il mettait le pied dans un nid de guêpes qui
toutes vont se mettre à tourner autour de lui, prêtes à piquer et plusieurs
fois s’il le faut. Les flics sont surveillés, corrompus, personne n’a confiance
en personne et on ne sait à qui se confier, qui croire ou écouter. C’est une
course contre la montre, pour gagner la vie, qu’engage Djo. Mais les temps sont
durs, très durs…. Le pays est encore sous le coup du chaos, rien n’est résolu.
« Puisque tout le
pays s’était décidé à plonger, la tête première, dans le néant, silencieusement
et inéluctablement, ne lui restait-il pas à lui, Djoumet Malakout, commissaire
de police à la retraite, qu’à se hisser vers le haut ? En criant. Criant
plus fort que sa chute. »
Les services secrets, politiques, policiers, tous sont « contrôlés »
soit en introduisant des hommes qui, sous le couvert, de leur mission, surveillent
les autres, soit en persuadant les plus faibles qu’ils n’ont pas le choix et qu’il
faut obéir et faire ce qu’on leur dit. Violence, trahison, complot,
dénonciation, cabale etc … tout est là et nous fait frissonner …
La langue sèche, âpre, vibrante d’émotion contenue d’Adlène
Meddi est tour à tour poétique, claquant presque des rimes et puis grondante,
comme un orage quand le tonnerre se fait entendre avant de monter en puissance….jusqu’à
ce que la pluie vous tombe dessus, vous laissant pantois et presque dans l’impossibilité
de réagir devant ce tumulte. Il nous frappe en plein cœur, nous laissant à
peine souffler car en peu de pages, tout est dit …. même l’indicible, l’inconcevable…..
Ce roman m’a scotchée,
il est pour moi, presque un témoignage tant il parle « vrai »,
d’ailleurs l’auteur est journaliste alors … de la fiction à la réalité de
terrain….il n’y a que quelques pages …..
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