"Zippo" de Mathieu Blais et Joël Casséus


Zippo ou Il était une fois dans l'oeuf
Auteurs: Mathieu Blais et Joël Casséus
Éditions: Kyklos (19 Mars 2012)
ISBN: 978-2-918406-24-2
170 pages

Quatrième de couverture

Dans une ville nord-américaine d'un avenir pas si lointain se prépare un grand sommet économique que le journaliste-militant Nuovo Kahid est chargé de couvrir. Quand l'économie va, tout va, dit-on. Mais les pornoputes disparaissent, les autorités se durcissent, les clochards claquent des dents et la ville tombe en ruine. Par-dessus le marché, une comète fonce sur la terre. Avait-on vraiment besoin de ce caillou sidéral pour annoncer sans crainte de se tromper que la première heure de la fin du monde avait déjà sonné ?

Mon avis 

Zippo, c’est un roman, en souhaitant que ce qui est évoqué dans ses chapitres ne reste, à tout jamais, qu’au stade de roman.
Zippo, c’est un briquet dont certains font collection. Un briquet ? Comme si tout pouvait brûler vite, très vite…. comme s’il suffisait d’une étincelle pour mettre le feu à ce qui couve…. entre autre la révolte….
Zippo, c’est un « coup de gueule », celui de deux auteurs qui tentent, en décrivant ce que pourrait devenir le monde si on ne faisait pas attention, de nous rappeler à nos valeurs. Celles des hommes qui veulent agir encore par eux-mêmes.
Zippo, c’est aussi le moyen de parler de l’échec de la ZLEA (Zone de libre-échange des Amériques) et de tous les peuples qui résistent.

« Personne ne comprenait ce qui se passait. Personne ne voulait comprendre. Personne ne s’indignait non plus. De la résignation seulement. Une curiosité de surface. »

Parfois, c’est plus facile de faire « comme si », de se boucher les yeux, de ne pas vraiment comprendre (alors qu’on « sait et qu’on voit »). C’est plus facile de se résigner, de rester dans son coin « après tout, on n’est pas si mal… et puis tout seul…. je ne vais pas changer la face du monde…. » plutôt que de lutter, de relever la tête, de se redresser, de parler, de dire « non, je ne veux pas de ça, j’aspire à autre chose »….

Nuovo Kahid doit couvrir le sommet américain Zippo, il n’a pas trop de détails mais il faudra faire au mieux. Parallèlement à cette manifestation, des morts inexpliquées, des tensions, des événements choquants … et en plus, la chute annoncée d’un météore ….
Même si Nuovo Kahid apparaît en filigrane dans l’histoire, celle-ci n’est pas vraiment « linéaire » enfin pas dans le sens où l’on peut trouver : un début, des situations qui évoluent puis une fin.
J’ai plutôt eu l’impression de différents « flashs », ce qui est moins facile à lire, car on n’est pas forcément attiré par la suite puisqu’il n’y en a pas vraiment.
Pornoputes, claquedents, crache-poumons, macoute, jus de cervelle, vont devenir des familiers de votre vocabulaire en parcourant ce livre.

Une écriture terrible de froideur, des mots qui claquent, des phrases courtes qui vous frappent comme autant de coups de poing pour vous faire réagir.
« Quelqu’un cria. Le son d’une alarme retentit. A l’intérieur. Dans sa tête. »
Un roman froid, pessimiste, reflet d’un monde de violence, de détresse, de peur, de terreur, d’errances …

Si je m’attache à l’écriture, à ce qu’ont voulu transmettre les auteurs, je me dois de reconnaître que leur œuvre est poignante d’un réalisme qu’on souhaite ne jamais voir arriver.

Si je m’attache au contenu, je peux souligner qu’il m’a dérangée, qu’il m’a interpellée… «Serais-je capable de réagir si… ? »

Si je m’attache à mes émotions, je suis mitigée. Une lecture qui m’apostrophe mais qui ne m’apporte pas de plaisir parce que j’aurais souhaitée, moi qui pense qu’il y a toujours moyen de trouver du positif, qu’une note, même petite, même minuscule, d’optimisme apparaisse ….

Il faut croire en l’homme sinon le monde mourra ….

PS: J'ai bien apprécié les références latines.

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