"L'absolue verticalité de l'horizon" de Jof Brigandet


L’absolue verticalité de l’horizon
Auteur : Jof Brigandet
Éditions du Caïman (22 Janvier 2019)
ISBN : 9782919066728
180 pages

Quatrième de couverture

Jof Brigandet explore encore une fois les obsessions masculines. Plus provocateur que jamais, il démontre à travers les histoires de deux couples, à quel point il est illusoire de prétendre comprendre les femmes et quel danger cela représente de vouloir s´y essayer.

Mon avis

Une fissure invisible …

Dans ce recueil, Jof Brigandet nous conte deux histoires de vie. Deux hommes, plutôt sûrs de leur fait, de leur quotidien, de leurs choix, de leur compagne, vont s’apercevoir qu’ils ne maîtrisent pas tout, que les femmes sont imprévisibles et que, l’air de rien, elles décident et tiennent les rênes…

L’écriture est parfois brute de décoffrage mais jamais vulgaire. Les mots sont ceux d’un homme, et c’est son point de vue qui est exposé, même si c’est par l’intermédiaire d’un narrateur. Ni Case (premier récit), ni Jean (dans le second texte) ne s’expriment si ce n’est dans les dialogues avec les autres protagonistes ou dans l’analyse que fait celui qui rapporte les faits.

Ce sont deux nouvelles lourdes de sens dans la mesure où elles évoquent les couples. En apparence, des unions lisses, bien réglées, classiques, sans surprise. Alors Monsieur peut s’ennuyer, s’offrir des récréations sous n’importe quelle forme.

Le premier est écrivain, il voudrait changer mais à quoi bon ? Son éditeur lui rappelle que ce qu’il écrit correspond à ce qu’on attend de lui et qu’il est « vendeur »… Prendre un peu d’indépendance, lâcher le confort financier ? Est-ce bien utile ? Est-ce que ça vaut le coup ? Mais faire semblant est-ce que c’est mieux ? Et quid de l’autre ? De celui qui partage votre vie depuis si longtemps ? C’est toute cette dualité, cet inconfort d’existence, ces questions que l’auteur exprime. Et il le fait très bien, en peu de mots, on sent affleurer le doute, la peur de perdre un certain équilibre, même s’il se révèle artificiel.

Le second est professeur retraité. Une vie régulière, réglée, une libido bien en forme. Et une envie de voyage… Et au bout du vol en avion, une drôle de rencontre qui va déstabiliser tout ce qui a été construit au fil du temps…

Ni l’un, ni l’autre n’ont rien vu venir.  De la fissure à peine visible, qui devient un peu plus large et dont les deux bords s’écartent jusqu’à être un gouffre infranchissable lorsqu’il est trop tard. Orgueil masculin ? Confiance absolue en ce qu’ils sont ? Politique de l’autruche ? Méconnaissance de l’autre ? Les hommes sont-ils de grands enfants qui s’ignorent, naïfs au point de croire que rien ne leur résiste et qu’ils décident de tout ? Leur cerveau est-il relié à ce qu’ils ont entre les jambes ? Jof Brigandet ne prétend pas apporter de réponses à ces interrogations mais avec une pointe d’ironie, ils nous présentent deux hommes dont l’horizon n’est pas resté aussi plat qu’ils l’imaginaient. Découvrir les turpitudes auxquelles ils sont confrontés est un régal de lecture.

J’ai beaucoup aimé ce recueil. Je l’ai trouvé à la fois sage et impertinent Un joyeux équilibre qui, pour moi, a été une réussite.

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