Les gratitudes
Auteur : Delphine de Vigan
Éditions : Jean-Claude Lattès (6 Mars 2019)
ISBN : 978-2709663960
192 pages
Quatrième de couverture
Michka est en train de perdre peu à peu l’usage de la
parole. Autour d’elles, deux personnes se retrouvent : Marie, une jeune femme
dont elle est très proche, et Jérôme, l’orthophoniste chargé de la suivre.
Mon avis
Michka, une dame "d'un âge" comme on dit pour ne pas parler de troisième ou quatrième âge, vivait seule chez elle, tranquille, à son rythme.
Sans famille, elle recevait régulièrement la visite de Marie, une jeune voisine
qu’elle a aidée lorsque sa mère se montrait défaillante. Et puis, un jour
Michka commence à perdre les mots. Ils se confondent, se mêlent, vivent leur
vie et lui échappent…Il faut se résigner et aller en maison de retraite. Là
où :
« Une vie
amoindrie, rétrécie, mais parfaitement réglée. » devient la sienne.
Pour soigner son aphasie, Jérôme l’orthophoniste vient deux
fois par semaine lui proposer des exercices.
Au fil des pages, ce sont tour à tour, Marie et Jérôme qui
s’expriment devant l’inéluctable chemin qui conduit vers le néant. Ils
expliquent les hauts, les bas, les cauchemars de Michka qui veut encore tenir
les rênes de son quotidien mais qui sent bien que tout la fuit. La conversation
se vide, se lever est plus difficile, l’énergie à déployer pour subir chaque
journée est de plus dure à trouver.
Une fois encore, Delphine de Vigan trouve les mots justes, le
ton adéquat pour parler d’un mal indéfinissable, où le phrasé et le vocabulaire
se délitent, devenant autre ou disparaissant…
« Je les vois
comme si j’y étais, ces étendues vides, arides ces chemins dévastés, qui
surgissent au milieu de ses phrases quand elle tente de parler. Plus rien ne
peut se partager. »
Son style est percutant mais en douceur. C’est-à-dire que
les mots, les phrases (courtes parfois sans article ou sans verbe) frappent au cœur,
à l’esprit mais restent doux, fins, posés, bien choisis.
C’est avec beaucoup de doigté et de tendresse pour ses
personnages que l’auteur a abordé ce thème délicat. Elle a su doser parfaitement
ce qu’elle décrit sans en faire trop, ni trop peu. Bien sûr, la fin est un peu « convenue »
mais elle est également porteuse d’espérance et l’optimisme ne fait pas de mal,
bien au contraire !
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