Entends venir l’orage
Auteur : Denis Labayle
Éditions : Glyphe (18 juin 2019)
ISBN : 978-2352851134
238 pages
Quatrième de couverture
Françoise, employée modèle, travaille depuis vingt ans dans
une grande firme informatique. Son coéquipier est le onzième salarié à mettre
fin à ses jours depuis le début de l'année. Bouleversée, elle décide d'entrer
en résistance au sein de son entreprise. Au même moment, la mort brutale de
Michel Delvaut, ancien PDG des Turbines Atlantiques, fait la une des médias. Si
l'hypothèse du suicide se confirmait, ce serait le sixième PDG à se donner la
mort en moins d'un an. Quel lien entre ces faits divers ?
Mon avis
Dans son dernier roman, Denis Labayle s’attaque à deux
thèmes très contemporains : les parachutes dorés (prime de départ prenant
la forme d'une clause contractuelle entre un dirigeant d'une société anonyme et
l'entreprise qui l'emploie) et les variables d’ajustement (employés à qui on
demande beaucoup de mobilité, d’adaptation, qui, parfois, sont licenciés pour
équilibrer les flux d’entrée et de sortie du personnel) dans le monde du
travail. Sujets délicats qu’il a su traiter sans être rébarbatif avec sobriété
dans un récit addictif.
Françoise est une employée modèle depuis vingt ans, soumise,
docile, elle fait ce qu’il faut pour que son budget se tienne. Sa vie est
monotone car elle ne peut pas se permettre le moindre excès. Son collègue et
ami, Luc, vient de se suicider. Pourtant, récemment, il avait eu une promotion.
Ce n’est pas le seul à avoir agi comme ça. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
En parallèle, un PDG s’est donné la mort et ce n’est pas le premier…. A tous
les niveaux, en haut ou en bas de l’échelle, des hommes se tuent. Pourquoi ?
S’agit-il vraiment d’actes désespérés ou sont-ils poussés à agir ainsi ?
Quelles sont leurs conditions de travail ?
Françoise va rencontrer la veuve de Luc et devant ce qu’elle
apprend, elle se décide à agir, à entrer « en résistance ». Seule, avec ses petits moyens, se disant que
si personne n’essaie de faire quelque chose, les choses ne bougeront pas. Elle
va commencer à déstabiliser les plus grands et une improbable rencontre lui
permettra de se sentir encore plus forte…. Elle n’est plus dans l’acceptation
passive mais dans l’action. Elle a un but dans sa vie, ça la motive, elle a l’impression
d’exister à nouveau. L’auteur nous rappelle que face à une « overdose »
d’injustice, les gens craquent et se mettent à soulever des montagnes pour être
reconnus. Les suicides/ appels au secours des ouvriers ne sont pas toujours
entendus et en le soulignant, Denis Labayle égratigne nos dirigeants qui « oublient »
souvent d’ouvrir les yeux… Son roman nous permet de voir de l’intérieur les
échanges entre les dirigeants et c’est édifiant. « Avec tes relations
africaines, on aura une source intarissable de main d’œuvre et à bas prix. »
Magouilleurs, profiteurs, méprisants, la plupart de ceux qu’ils présentent
n’ont pas une once d’humanité…. Peut-être aurait-il été intéressant d’avoir une
femme parmi eux (pour la parité ; -) et que les dialogues soient encore
plus animés en développant les différents avis (notamment celui de Pierre)?
On va donc suivre Françoise dans ses actes de rébellion et
les PDG dans leurs divers questionnements. Sont-ils en train de perdre le
pouvoir ? La peur s’incruste, les suicides dans leur milieu alors que tout
« roule » financièrement ont un petit quelque chose de pas logique….
Il leur faut mener l’enquête, se servir de leurs relations, de leur puissance pour
ne pas se faire piéger… et bon sang, que certains sont exaspérants (et donc
bien décrits…)
C’est avec une écriture fluide que Denis Labayle nous
présente les événements et les protagonistes. C’est agréable à lire mais j’aurais aimé une
étude psychologique plus approfondie de certaines personnalités et du rôle du
policier (qui a eu bien des facilités pour obtenir des résultats…). Le rythme
permet de garder le lecteur attentif. De plus Françoise a une certaine « présence »
qui la rend attachante et rien que pour elle, une femme modeste qui a osé
défier les plus forts, le livre vaut le détour !
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