Une joie féroce
Auteur : Sorj Chalandon
Éditions : Grasset (14 Août 2019)
ISBN : 978-2246821236
320 pages
Quatrième de couverture
Jeanne est une femme formidable. Tout le monde l’aime,
Jeanne. Jeanne, qui a passé ses jours à s’excuser est brusquement frappée par
le mal. « Il y a quelque chose », lui a dit le médecin en découvrant ses
examens médicaux. Quelque chose. Pauvre mot. Stupéfaction. Et autour d’elle,
tout se fane. Son mari, les autres, sa vie d’avant. En guerre contre ce qui la
ronge, elle va prendre les armes. Jamais elle ne s’en serait crue capable. Elle
était résignée, la voilà résistante.
Mon avis
« Je ne pleurnichais plus, j’avais une joie féroce. » *
Ce roman présente des portraits de femmes. A commencer par
Jeanne, une libraire efficace et discrète, prête à tout pour s’occuper des
autres et les rendre heureux. Et puis, un jour, le choc, la maladie, celle que
certains appellent le crabe. Il faut combattre et faire face. Jeanne qui se
sent seule et abandonnée, va finir par se relever et essayer de retrouver la
forme. Pourquoi ? Grâce à qui ? Elle rencontre des femmes qui sont
dans la même galère qu’elle et à la façon des mousquetaires, elles vont unir
leur force.
Lorsqu’on découvre l’histoire de Jeanne, l’auteur parle à la
première personne. Lui, un homme, se glisse dans le « je », dans la
peau de cette femme, dans ses ressentis, ses émotions, ses peurs, ses espoirs,
ses déceptions … Il le fait avec brio comme si c’était du « vécu »
pour lui. Pour le reste du récit, c’est le narrateur qui reprend le déroulé des
faits.
Peu importe que ce roman soit crédible ou pas, peu importe
que le titre surprenne et soit, pour certains, mal choisi, peu importe que ce
que décident de faire ces quatre amies ne tienne pas vraiment debout… Peu
importe tout ça…. Pour moi l’essentiel est ailleurs …
Il est dans le message de résistance de ses femmes touchées
au plus profond par la maladie, par le regard des autres, par le dédain de l’être
aimé, par la maladresse des uns, par le « trop de tout » des autres….
Face à toutes ces souffrances, elles ont baissé la tête puis, comme le plongeur
qui tape du pied pour remonter, elles se sont relevées, redressées, prêtes à
gifler, à mordre, à prendre la vie à pleines dents, à dire « je suis là, j’existe »…
C’est le fait de s’allier et faire bloc qui les a rendues plus solides. S’appuyant
les unes sur les autres, portant la douleur de chacune à tour de rôle, elles
ont avancé, un pas après l’autre, un jour après l’autre, recentrant leur vie
sur l’essentiel, faisant le tri dans tout ce qui n’est pas vraiment source de
joie….
L’écriture de l’auteur m’a happée dès les premières lignes.
Elle est belle, lumineuse, porteuse de sens. Le style est vif, vivant. Je me
suis attachée à Jeanne, puis à celles qu’elle rencontre. J’ai aimé rire et
pleurer en leur compagnie. Je les ai trouvées parfois un peu « folles »,
mais un grain de folie n’a jamais fait de mal. Et dans ce monde aseptisé par les
soins et les traitements qu’elles subissent, je pense que cette folie apportait
la lumière nécessaire pour garder l’espérance.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture. Elle a un « je ne
sais quoi » de rayonnant. J’ai écouté l’auteur dans une présentation qu’il
fait de ce recueil, il dit qu’il met de lui dans ses livres, pas des morceaux,
lui en entier donc il est Jeanne, il porte Jeanne sur le chemin de la rébellion
et il le fait bien ! Merci !
* extrait du roman
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