"Murène" de Valentine Goby


Murène
Auteur : Valentine Goby  
Éditions : Actes Sud (21 août 2019)    
ISBN 978 2 330 12536 3               
384 pages

Quatrième de couverture

Hiver 1956. Dans les Ardennes, François, un jeune homme de vingt-deux ans, s’enfonce dans la neige, marche vers les bois à la recherche d’un village. Croisant une voie ferrée qui semble désaffectée, il grimpe sur un wagon oublié… Quelques heures plus tard une enfant découvre François à demi mort – corps en étoile dans la poudreuse, en partie calciné. Quel sera le destin de ce blessé dont les médecins pensent qu’il ne survivra pas ?

Mon avis

On est en 1956, la médecine fait ce qu’elle peut face aux situations extrêmes et lorsque François arrive à l’hôpital, brûlé au plus profond, il est quasi évident qu’il ne s’en sortira pas…. C’est la faute à pas de chance, il n’a rien fait de mal, pas commis d’imprudence et il avait la vie devant lui …

Pour le sauver, le chirurgien va couper un bras, puis le second. Ils sont nécrosés et c’est ça ou être condamné à la mort…. Sa mère se débrouille, alors qu’il est isolé, en soins intensifs, dans le coma, pour lui « parler ». Et la force de l’amour agit, il se réveille.  Lorsque François réalise ce qui lui est arrivé, il sombre… A quoi bon lutter lorsqu’à vingt-deux ans, on devient, comme un vieillard, dépendant des autres pour tout ? Comment accepter le handicap, qui est arrivé d’une façon totalement imprévisible ? Personne n’est préparé à un tel drame.
« Il se demande si on se fait à ces visions de cauchemar. A la place réduite qu’on vous assigne, infirme parmi les infirmes-c ’est une place quand même- il se persuade quand il cherche des raisons de persévérer…. »

Valentine Goby avec son écriture au scalpel, saccadée, comme en apnée, les mots se bousculant sous sa plume, nous décrit le quotidien de François. Une vie et un environnement à réinventer. Le deuil de certains gestes (il ne pourra pas serrer son amoureuse dans ses bras…), le rejet, le regard des autres, le dégoût de soi, de sa faiblesse…. Les difficultés avec les prothèses (elles sont plus adaptées depuis)… Les hauts, les bas et puis le déclic qui entraîne François vers l’idée de vivre et d’avancer…

J’ai eu un coup de cœur pour ce roman. Il n’y a pas un mot ni un fait de trop. Le style incisif fait mouche. C’est subtilement dosé et ça vous prend aux tripes parce que ça sonne juste. J’ai aimé François qui réapprivoise ce corps différent, qui fait le choix de la vie. Valentine Goby nous montre également combien l’entourage médical, familial, a de l’importance et peut aider à sortir de l’invisibilité à laquelle, parfois, le handicap condamne ….

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