Variable d’ajustement
Auteur : Philippe Declerck
Éditions : Fleur Sauvage (22 Avril 2016)
ISBN : 979-1094428221
243 pages
Quatrième de couverture
D'un statut de cadre dirigeant, Mathilde se retrouve au
chômage sans que rien ne l'y prépare. Découvrant qu'elle n'était qu'une
"variable d'ajustement", la quadragénaire, mère et épouse, entame
alors une lente et douloureuse descente aux enfers.
Mon avis
Dommage
collatéral ?
Variable d’ajustement…. « Ce sont les entreprises qui
licencient le plus qui, souvent, embauchent également le plus. Cette mobilité
contrainte est liée à une politique de l'entreprise qui ajuste en permanence
ses effectifs, non seulement en quantité, mais aussi en qualification. »
(source : « alternatives économiques »).
Mathilde a tout pour être heureuse … Un mari plutôt beau
gosse, deux enfants agréables, une maison, un emploi de cadre qui la met en
valeur et lui permet d’exprimer tout son potentiel…. C’est une femme à l’aise,
qui s’est forgée à la force du poignet sous les regards admiratifs de ses
parents, issus d’un milieu plutôt modeste. Elle a réussi et elle est leur
fierté…. C’est une habituée des tailleurs chics et des talons, du maquillage
soigné, des dossiers à traiter toujours
plus vite et mieux, des colloques et dîners impromptus, des emplois du temps
minutés, des hommes et des femmes à
gérer avec fermeté et aisance….
Et puis, un jour, la sentence…. Le grand patron d’Atout
Sport, où elle exerce depuis plus de dix ans, la reçoit ainsi que quelques
autres collègues après une réunion où il a parlé à tout le personnel….Elle fait
partie de ceux dont, en raison des résultats de l’entreprise, des chiffres et
surtout de la « fameuse variable d’ajustement », il faut se séparer
mais « avec vos diplômes, votre expérience et blablabla…je ne suis pas
inquiet pour vous… »
C’est le coup de massue pour Mathilde, la rencontre avec un monde qu’elle ne connaît pas : celui du chômage et de tout ce qui va avec : les démarches infructueuses, les regards de compassion, l’inactivité, le stress, l’opinion des autres, lourde, si lourde, la lutte puis le désespoir, les hauts, les bas…..
C’est le coup de massue pour Mathilde, la rencontre avec un monde qu’elle ne connaît pas : celui du chômage et de tout ce qui va avec : les démarches infructueuses, les regards de compassion, l’inactivité, le stress, l’opinion des autres, lourde, si lourde, la lutte puis le désespoir, les hauts, les bas…..
On pourrait penser que cette femme ne pensait qu’à sa
réussite sociale et que retomber sur terre lui aura permis d’appréhender la vie
autrement…. Le problème c’est qu’elle ne se relève pas, bien au contraire, elle
s’enfonce…Alors on peut se poser la question : « Et moi, s’il
m’arrive la même chose, sui-je armée pour lutter ? Où sont mes
priorités ? » Elle est fragile, veut se donner l’illusion d’être
forte mais le système la brise, petit à petit : « trop qualifiée,
trop vieille (à quarante-deux ans ?), trop ceci, pas assez cela…. »
Y-a-t-il un moule dans lequel se couler pour plaire aux futurs
employeurs ? Que dire des stages ou autres remises à niveau (l’auteur
écorche bien notre société et ça sonne vrai….tellement juste qu’on voudrait
fermer les yeux, ne pas lire, ne pas découvrir cette détresse, qui pourtant,
parfois, est si proche….)
C’est un livre à l’écriture si fluide (bravo à l’auteur, un
homme, qui se met dans la peau d’une femme)
que dès les premiers mots on accroche au récit, on veut tenir la main de
Mathilde, l’accompagner, lui donner le courage de se battre, l’énergie pour
avancer, comme si en agissant ainsi, on aidait tous ces oubliés qui vivent des
situations semblables (voudrait-on se donner bonne conscience ?). Le
contenu est émouvant, troublant, mais jamais pathos, ni voyeur. Philippe
Declerck garde un ton juste, un rythme régulier qui suit la jeune cadre dans
ses déboires, ses espoirs, son quotidien, nous rappelant que tous les chômeurs
ne choisissent pas leur situation, que beaucoup sont victimes d’un mode de
fonctionnement que nous cautionnons malgré nous. Alors que faire me
direz-vous ? Déjà, à chacun, sur le lieu de son activité professionnelle,
de ne jamais, jamais, oublier les mots : respect et humanité…. Il faut un
début à tout, cela en sera, peut-être, un…..
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