"La Fille de Femme-Araignée" de Anne Hillerman (Spider Woman's daughter)


La Fille de Femme-Araignée (Spider Woman's daughter)
Auteur : Anne Hillerman
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Bondil
Éditions : Payot & Rivages (7 Mai 2014)
ISBN : 9782743628161
368 pages

Quatrième de couverture

Alors qu’elle vient de finir son petit déjeuner avec des collègues, Bernadette Manuelito, dela Policedela Nation Navajo, entend un coup de feu dans le parking voisin. Elle se précipite sur place, pour découvrir à terre le célèbre lieutenant Joe Leaphorn, enquêteur privé retraité de la police navajo. Son mari Jim Chee, ancien collègue de Leaphorn, étant chargé de l’affaire, Bernadette y prend part officieusement. Qui peut en vouloir à ce point à Leaphorn ? L’un des nombreux criminels qu’il a fait condamner au cours de sa longue carrière, ou faut-il chercher du côté des dossiers dont il s’occupe depuis qu’il est à son compte ? Difficile de le savoir, car les indices sont contradictoire et Leaphorn, un homme très secret, est dans le coma. En outre, sa compagne demeure injoignable. Mais Bernadette Manuelito se caractérise par sa patience et son opiniâtreté, deux grandes qualités de « Femme-araignée », figure tutélaire de la mythologie navajo…

Mon avis

Dans la famille Hillerman, je viens de lire et de découvrir la fille : Anne… Elle a repris après la mort de son père (Tony décédé en 2008) les héros récurrents de celui-ci: Joe Leaphorn et Jim Chee. Elle vient de les emmener dans une nouvelle aventure (mais elle a été astucieuse : le personnage principal du paternel est gravement blessé donc dans les pages mais pas trop présent, ce qui évitera des comparaisons et permettra le développement de protagonistes féminins). Telle père, telle fille ? Je ne sais pas vu que je n’ai jamais lu le papa mais je vais remédier à cela car il semblerait que leurs deux écritures soient de la même veine et comme j’ai trouvé ce roman excellent, il serait dommage que je me prive d’un plaisir de lecture supplémentaire.

« Etre un homme…marcher dans la beauté en dépit du mal et de l’harmonie sans cesse rompue…. »*

Bienvenue à Shiprok, en territoire navajo, au sein de la police du même nom. Ici, lorsqu’on est du même clan, on est cousins, oncle, tante et si on est de la même famille, on s’appelle par son grade (« Sœur aînée ») plutôt que par son prénom (chez les navajos, on ne prononce pas le nom d’un tiers). Certains habitent la réserve, d’autres non, les routes sont longues, sinueuses, poussiéreuses, les paysage sublimes et immenses, les coutumes présentes mais pas de façon ostentatoire, on observe, on s’écoute, on s’aime avec discrétion… Les regards remplacent parfois les mots, et chacun a à cœur d’être en communion avec l’environnement, avec les autres, avec la vie tout simplement…
« Quel bonheur de s’inscrire dans ce monde, elle en avait pleinement conscience. De savoir où étaient ses racines. »

Vous l’avez compris ; bien qu’on soit dans un thriller, l’atmosphère dégage une espèce de sérénité inexplicable, sans doute parce que l’écriture est aérienne, dosée avec intelligence entre les recherches de la police, les liens familiaux compliqués de Bernie avec ses proches et les descriptions des lieux. Rien n’est rébarbatif, tout accroche le lecteur et l’intrigue est solidement ficelée. A travers l’enquête, on apprend à connaître les traditions navajos, ce qui est important pour eux, leurs rapports avec la mort, les prières, la place des objets de décoration : couvertures, poteries….
J’ignore si c’est pour se démarquer du style de son père qu’Anne Hillerman a choisi de mettre en avant une policière plutôt qu’un policier. Peut-être que cela lui permettait d’introduire un regard féminin sur les sentiments, une approche différente des relations humaines, lui permettant ainsi de donner sa pleine mesure et de ne pas subir les rapprochements avec ce que faisait Tony Hillerman. Bernie, « fille qui rit », enquêtrice, est opiniâtre, attachante, intelligente, (une femme dans toute sa splendeur ;-), elle ne lâche rien, évite de se laisser envahir par la culpabilité ou la jalousie, c’est un beau portrait d’indienne navajo.

Dès les premières lignes, j’ai été prise dans l’histoire et je n’avais qu’une hâte : être seule pour continuer ma lecture. J’aime beaucoup le dessin de couverture, le papier n’est pas glissant et le livre tient bien en mains et le contenu, le contenu….
Il y a juste ce qu’il faut de rebondissements, d’indices plus ou moins clairs pour nous égarer mais au-delà de tout cela, il y a une vraie « vie » dans cet opus. Les navajos « habitent » les pages, comme autant de témoins d’un ailleurs où l’harmonie peut encore régner pour peu que chacun y mette du sien …..

Ecureuil agile**


* Extrait de la page 144
** Prénom indien que m’ont donné mes élèves lorsque nous avons étudié « Petit Arbre »

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