L’héritage Davenall (Painting the Darkness)
Auteur : Robert Goddard
Traduit de l’anglais par Elodie Leplat
Éditions : Sonatine (26 Septembre 2019)
ISBN : 978-2355847288
710 pages
Quatrième de couverture
1882. St John's Wood. Lorsqu'un homme se présente aux portes
de la maison de Constance Trenchard, celle-ci ne se doute pas que sa vie va
être bouleversée. L'homme prétend en effet être Sir James Davenall, son ancien
fiancé, disparu une semaine avant leur mariage et que tout le monde croit mort
depuis dix ans. Si Constance le reconnaît, toute la famille Davenall, en
particulier sa mère et son frère, Hugo, héritier du prestigieux domaine de
Cleave Court, prétend qu'il s'agit d'un imposteur. C'est le début d'un
incroyable puzzle, sur fond d'aristocratie victorienne et de secrets de
famille, qui, après de multiples rebondissements, connaîtra une conclusion tout
à fait inattendue.
Mon avis
En 1871, Constance devait épouser son fiancé, James
Davenall. Mais peu avant le mariage, il a disparu, laissant une lettre où il
explique qu’il va mettre fin à ses jours (sans en donner la raison). Il a fallu
beaucoup de temps à la jeune femme pour se reconstruire mais finalement elle a
épousé William Trenchard et ils ont eu une petite Patience.
Nous sommes maintenant en 1882, et un homme se présente à la
porte du jeune couple. Il dit porter le nom de James Norton mais être en vérité
James Davenall … Il vient pour récupérer son héritage de baronnet et compte sur
Constance pour témoigner de son identité. Sa famille le rejette, arguant qu’il
ment et il faut qu’il trouve des soutiens pour prouver sa bonne foi. Est-ce James
ou un imposteur qui ne vise que l’argent ?
On pourrait se dire que c’est oui ou non… Mais on n’est pas
à l’époque où un test ADN suffit pour établir des liens familiaux… Il faudra
bien les sept cents pages qui constituent ce roman pour démêler l’immense toile
d’araignée construite sous nos yeux. C’est William Trenchard qui s’exprime,
soit en racontant les faits, soit en évoquant des épisodes passés. Il y a
également quelques situations présentées par un narrateur.
Machinations, perversions, mensonges, tricheries, plusieurs
pistes sont lancées. Le lecteur essaie de comprendre, de savoir qui tire les
ficelles mais sans cesse les choses lui échappent. Ce sont des conflits d’intérêt,
des conflits d’amour décrits avec précision, doigté. Dans ces milieux
bourgeois, aristocratiques, certains ne souhaitent pas préciser d’où vient leur
fortune. D’autres, considérant qu’ils sont les maîtres, se croient tout permis,
y compris de maltraiter le petit personnel pour mieux le chasser après, lui faisant
porter au passage une dose de culpabilité. La
Alors ? James est-il en train de rétablir la justice ou
de préparer une vengeance ? Qui a tort ? Qui a raison ? Quels vont
être les dommages collatéraux de cette réapparition ? Personne ne peut en
sortir indemne. Ni Constance, tiraillée entre l’amour d’hier et celui d’aujourd’hui.
Ni la famille et les amis de James, ni James, ni tous ceux qui de près ou de
loin seront liés à cette intrigue.
C’est avec une écriture raffinée, élégante, très vieille Angleterre
mais agréable et facilement lisible, que l’auteur nous raconte par le menu toute
une succession d’événements, de révélations qui relancent régulièrement le
rythme. On ne s’ennuie pas une seconde et lorsqu’une piste se dessine, elle est
vite effacée ou troublée et il faut refaire des déductions, réfléchir à ce qui peut
être possiblement une réponse à nos questions…. Les différents protagonistes ont
des personnalités intéressantes, pas franchement lisses et on sent bien que
tout n’est pas dit. Quant à l’atmosphère, c’est un régal, on voit les paysages,
on sent la pluie, le vent, la brume ou le rayon de soleil. Le style de Robert
Goddard est toujours très suggestif, envoûtant.
J’ai particulièrement apprécié de ne pas savoir à qui faire
confiance. Il y a chaque fois un petit détail, style grain de sable, qui vient semer
le doute et relancer la partie comme s’il s’agissait d’un image jeu de cache-cache,
chacun se glissant, soigneusement, derrière un masque de bienséance qui n’est
peut-être qu’hypocrisie et illusion…
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