"Le compagnon de voyage" de Curzio Malaparte


Le compagnon de voyage de (Il compagno di viaggio)
Auteur : Curzio Malaparte
Traduit de l’italien par Carole Cavallera
Éditions de La Table Ronde (17 Avril 2009)
ISBN : 978-2710330905
112  pages

Quatrième de couverture

Fable pudique, baroque et pleine d'humanité, Le Compagnon de voyage a pour cadre l'Italie de 1943. Après le renversement de Mussolini et le chaos que provoque la signature de l'armistice, les hommes de troupe, désormais sans ordres et sans chefs, décident de rentrer chez eux. Au milieu de celle débandade, Calusia, un soldat bergamasque, entame la lente remontée de la Péninsule jusqu'à Naples. Il s'est juré de rendre à sa famille la dépouille de son lieutenant, mort en Calabre lors des ultimes combats désespérés et vains contre le débarquement allié. Cet honnête paysan, fier de ses origines, traverse l'Italie en compagnie de l'âne Roméo et d'une jeune fille qu'il a prise sous sa protection. A travers ses rencontres se dessine un portrait tout en finesse du peuple italien, capable des pires bassesses, mais aussi plein de courage et de générosité.

Mon avis

Italie 1943

Au début du livre, neuf pages de photographies noir et blanc dont la première : un portait de l’auteur à dix-sept ans, engagé volontaire dans la Légion Garibaldienne.

L’histoire commence en Calabre (au Sud de l’Italie), début Septembre 1943. Quinze soldats et leur lieutenant guettent les forces alliées qui doivent débarquer. Pas d’excitation, ni de peur, ils attendent sans renoncer à leur engagement : ils devront se battre... Ils veulent, même s’ils imaginent le combat voué à l’échec, rester dignes pour eux mais aussi pour tout le peuple italien. Les relations entre le lieutenant et les hommes sont empreintes de respect, le chef étant, semble t-il, issu d’une haute « lignée ».
Les anglais débarquent, le combat a lieu. Des soldats meurent, le lieutenant tombe et avant de mourir, il demande à son ordonnance (Calusio) de ramener sa dépouille à Naples, vers sa mère.
Le décor est planté.
Nous allons, au fil des pages suivre Calusio et un âne (qui porte le « cercueil improvisé »), jusqu’à Naples. A travers les rencontres faites sur la route, nous allons au devant de l’Italie « du dedans », croiser ces gens qui ont souffert, des réfugiés, des soldats ennemis qui ne savent plus comment agir, des femmes qui accompagneront Calusio…. Il ne lâchera rien pour tenir sa promesse. De difficultés en difficultés, de rencontres en rencontres, il fera tout pour amener « son » lieutenant à Naples.

Ce petit roman est poétique, émouvant, parfois cocasse par certaines situations évoquées, dur aussi, tendre enfin. Les scènes se succèdent comme dans un film, parfois détaillées, parfois survolées mais toujours très « parlantes », très réelles.
Les phrases sont courtes, rythmées. On n’a pas le souhait de poser le livre avant d’avoir accompagné Calusia et son fardeau jusqu’au bout.

La postface est accompagnée de deux autres photos de Malaparte, en civil cette fois. Cette partie nous éclaire sur les rapports du romancier avec l’Italie, l’armée, rapports tourmentés, tumultueux car, comme beaucoup, face à la guerre et la violence, Curzio Malaparte, ne sait plus comment se situer, comment agir…

J’ai eu un vrai coup de cœur pour cette œuvre. C’est une histoire simple mais tellement remplie qu’on reste émue des heures après l’avoir lue.



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