"Reflets des jours mauves" de Gérald Tenenbaum


Reflets des jours mauves
Auteur : Gérald Tenenbaum
Éditions : Héloïse d’Ormesson (3 Octobre 2019)
ISBN : 978-2350875569
210 pages

Quatrième de couverture

Lors d'une réception en son honneur, le professeur Lazare s'isole, las des sollicitudes. Abordé par un jeune journaliste, l'éminent généticien se surprend à lui proposer un verre dans un bar. Au fil des échanges, Lazare se déleste du secret qui entoure ses recherches. À quoi bon avoir déchiffré la partition du génome si cela conduit à trahir l'être cher et condamne à la solitude ?

Mon avis

Partition….

La vie est une partition, avec ses temps forts, rapides ou lents, ses bémols, ses pauses, son tempo … et l’écriture de l’auteur est une musique. A petites touches, délicatement, avec un style céleste, le phrasé de Gérald Tenenbaum résonne en vous, il fait écho, renvoyant des mélodies qui chantent sous nos yeux et se découvrent petit à petit.
« …[…] leur enchaînement dans la discontinuité le guidait vers une théorie du murmure et de l’écho […] »
L’histoire est celle du Professeur Lazare, un chercheur en génétique. Il a fait une découverte bouleversante, tellement difficile à concevoir qu’il ne peut pas la partager entièrement. Il est condamné au silence. Sa vie en sera changée à tout jamais. Lors d’une réception, il rencontre un jeune journaliste et entame une discussion avec lui. Sans doute, ce jour-là, est-il prêt à se confier, à partager son terrible secret, ce poids qui pèse sur ses épaules depuis des années. Alors, il parle, …toute une nuit …. Cette longue confidence, entrecoupée de courts instants dans le présent, nous plonge dans le passé du scientifique. Il évoque son parcours, la place de son métier dans sa vie, ses relations aux autres, ses angoisses, ses réussites, ses doutes… On voit bien toutes les embûches sur la route de ceux qui veulent faire avancer la science, ne serait-ce que les questions qu’ils se posent.

Le généticien, de part ses prospections, est toujours en mouvement, explorant le passé, envisageant le futur. Il est amoureux d’une femme qui « fige le présent », en prenant des photos qu’elle expose, qu’elle vend à des magazines. Dans les flous, les pixels, les clichés, Lazare voit le pendant des gènes portés par l’ADN. J’ai beaucoup aimé ce parallèle entre les deux.
Gérald Tenenbaum aime utiliser les subtilités des hasards de la vie pour démontrer que rien n’est acquis et qu’il n’y a pas d’amour heureux (l’allusion à Aragon page 117 est un régal). Il parcourt le destin des hommes avec finesse, les laissant s’exprimer à points comptés, dans des phrases porteuses de sens, avec un vocabulaire de qualité.

En mathématique, une formule, une équation peuvent apporter un bouleversement. En poésie, c’est un mot, une expression qui peuvent vous mettre les émotions à fleur de peau. C’est sans doute pour ça, que les mathématiciens, comme l’auteur de « Reflets des jours mauves » savent parler à notre cœur avec des termes qui sonnent justes.

J’aime les maths, j’aime les poèmes alors ce livre m’a offert un moment magique de lecture…..

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