Au nom du fric
Auteur : Pascal Thiriet
Éditions : Jigal (18Mai 2015)
ISBN : 979-10-92016-37-6
240 pages
Quatrième de couverture
Hercule du Tylleux a un gros problème… Il est riche, très
riche ! Banque, pétrole, immobilier, finance et CAC 40, son terrain de jeu est
immense ! Pour ne rien arranger, il a une femme fantasque et encombrante mais
troisième fortune de France, deux héritiers un peu compliqués et probablement
plusieurs maîtresses… Quand il décide de léguer sa fortune au plus méritant de
ses fils, l’ambiance va brutalement s’alourdir. D’autant que Blasphème, son
bras droit, aussi dangereuse qu’une tarentule, et Sun Tzi, un génie de
l’informatique, décident de s’allier pour faire vaciller l’empire… La tragédie
se met en place, la poudre va parler… Les milliards vont voler !
Mon avis
« Battle of the sons »
Bienvenue chez les Du Tylleux, richissime famille de
banquiers. Enfin, c’est surtout Madame qui est une grosse fortune mais Monsieur
l’a épousée et ils ont fait « pot commun », même si les parts de l’une …. Mais
bon, ça, on ne l’étale pas sur la place publique…. D’ailleurs, Madame est
nécessaire à la vitrine de Monsieur, comme il pourrait le faire avec un bel
étalon.
« Même admiration d’amateur et même orgueil de
propriétaire. »
Monsieur et Madame ont deux fils mais Monsieur lance un défi
: du fric, du temps, et au bout du compte on fait ….. les comptes …
pour n’avoir qu’un seul héritier (avec une préférence pour celui qui
ressemble à son père : ambitieux, machiavélique, fourbe….)
Beaucoup pensent que c’est couru d’avance tant la supériorité
d’un des rejetons est éclatante, du
moins sur le papier. Mais c’est comme en Coupe de France, dans le monde du
football blalbla, on a parfois des petits outsiders qui surprennent, et qui
bouleversent l’équilibre que l’on croyait bien établi … C’est bien entendu cela
qui met de l’ambiance dans le sport et également dans le livre. On se croirait
presque sur un ring : un point pour lui, un point pour l’autre, tiens il a
sorti un atout de sa manche et il va peut-être l’utiliser mais quand et contre
qui ?
J’ai beaucoup apprécié cette mise en scène, enchaînant des
situations qui semblent tout à fait dans la norme de cette famille très «
classique »…. Et puis comme autant d’éclairs dans un monde lisse, des
personnages ou des faits qui font arrondir la bouche sur un « oh »… un peu
stupéfait, un peu gêné (oh si quelqu’un lisait par-dessus mon épaule…) Oh, il
(l’auteur) ose, il se lâche, il ouvre les vannes et oh…je peux l’écrire ? Avec
des choses qui pourraient être horribles, il me fait sourire….
On pourrait presque penser à la fable « Le laboureur et ses enfants »…. Mais la
morale … la morale…. Et bien les protagonistes ne connaissent sans doute pas ce
mot, morale ? moralité ? Euh, c’est quoi ça ? Il sont pour certains, pourris
jusqu’à la moelle. Du coup, le suspense et les rebondissements sont bien
présents…. Les seconds rôles ont de quoi
faire et de quoi dire, ils ne sont pas là pour compléter la galerie mais bien
pour apporter quelque chose, parfois d’essentiel à cet opus. Une mention
particulière à Greit et Sun Tzi ….
L’écriture de Pascal Thiriet est riante, vive, dotée d’un
humour qui fleure bon le cynisme utilisé à bon escient :
« C’étaient des bâtards exotiques au milieu d’une meute à
pedigree. »
« Le silence se prolonge autour de la table, un silence de
forêt vosgienne en décembre. »
L’auteur a son franc parler et n’hésite pas à mettre en
place la corruption, le vol, la violence, la triche…. Bienvenue dans le monde
du fric qui ne sent pas bon…. Il
n’hésite pas à bousculer la hiérarchie, les choses établies, le « quand dira-t
-on » ne lui fait pas peur, il secoue le « politiquement correct » et égratigne
clairement le monde la finance. On a la nette impression qu’il sait de quoi il
parle parce que ce qu’il décrit (les échanges, les marchés, les magouilles, les
transactions…) sonne très vrai, trop parfois …. Au point de faire froid dans le
dos…..
C’est un roman qui m’a bien plu tant par le style, délicieux
mélange d’humour effronté et de bienséance dans une famille à particule… que
par les individus présentés qui ont tous
un petit côté amoral qui étonne, qui
fait sourire comme autant de pieds de nez à une société trop bien pensante….
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