Le printemps des corbeaux
Auteur : Maurice Gouiran
Éditions : Jigal (10 Septembre 2016)
ISBN : 979-10-92016-86-4
248 pages
Quatrième de couverture
Mai 81. La France se passionne pour les prochaines
présidentielles. Louka, jeune étudiant marseillais, cherche plutôt une idée
pour gagner un peu de fric. Une mère aux abonnés absents, un père abattu lors
d'un braquage, Louka a un passé chargé, trimballé entre foyers et familles
d'accueil. Pour l'instant, il va à la Fac, vit de petits boulots et de combines
en tout genre. Mais Louka est intelligent, il fonctionne à l'instinct, maîtrise
déjà les codes des voyoux et ceux qui permettent de mener les hommes. Et c'est
en lisant un article du Canard sur Papon que l'idée va jaillir... Sans aucun
état d'âme, il met alors en place une redoutable machine à cash... Mais le
chemin qui mène à l'enfer n'est-il pavé que de bonnes intentions ?
Mon avis
Du temps de Tonton….
Nous sommes en Mai 1981, juste au moment des élections
présidentielles, dans une ambiance que l’auteur retranscrit avec justesse, nous
rappelant au passage, l’affaire Papon. On est à Marseille, là où la police ne
voit pas toujours tout. On fait connaissance avec Luc Rio ou Louka. C’ est un jeune étudiant qui
n’a pas connu que des jours heureux.
« Mon enfance n’était qu’à moi. Je n’en étais pas fier et n’avais qu’un désir : l’enfouir pour toujours dans les tréfonds de ma mémoire, ne plus jamais en parler, ne plus jamais y penser. » Il aimerait avoir de l’argent, vivre simplement mais pouvoir choisir ses loisirs. Pour l’instant, ce n’est pas possible et il en est conscient.
« Je savais depuis belle lurette que mes origines plus que modestes me condamneraient à bosser toute ma vie, que ce soit de manière légale ou non. »
Il habite dans un minuscule logement dans l’immeuble de sa grand-mère qui passe ses journées à ressasser de vieux souvenirs en écoutant des chanteurs oubliés comme André Claveau. Mais l’universitaire est futé, il a trouvé une combine pour détourner de l’argent sans faire de dégâts humains. Bien sûr, « c’est pas bien » mais ça fonctionne du feu de Dieu… Sauf que l’argent, ça grise, ça éblouit et que plus on en a plus on en veut….
« Mon enfance n’était qu’à moi. Je n’en étais pas fier et n’avais qu’un désir : l’enfouir pour toujours dans les tréfonds de ma mémoire, ne plus jamais en parler, ne plus jamais y penser. » Il aimerait avoir de l’argent, vivre simplement mais pouvoir choisir ses loisirs. Pour l’instant, ce n’est pas possible et il en est conscient.
« Je savais depuis belle lurette que mes origines plus que modestes me condamneraient à bosser toute ma vie, que ce soit de manière légale ou non. »
Il habite dans un minuscule logement dans l’immeuble de sa grand-mère qui passe ses journées à ressasser de vieux souvenirs en écoutant des chanteurs oubliés comme André Claveau. Mais l’universitaire est futé, il a trouvé une combine pour détourner de l’argent sans faire de dégâts humains. Bien sûr, « c’est pas bien » mais ça fonctionne du feu de Dieu… Sauf que l’argent, ça grise, ça éblouit et que plus on en a plus on en veut….
Alors quand Jeannot, qui a connu la guerre d’Algérie,
propose un autre petit tuyau qui peut rapporter encore plus gros et surtout
très vite….et bien Lucas adhère… D’autant plus qu’il est amoureux de Lucie. Sa
belle est issue d’un milieu favorisé et il faut maintenir un certain style pour
les sorties (on ne mange pas dans n’importe quelle gargote lorsqu’on sort avec
la nièce d’un futur élu (mais de droite et en Mai 1981, c’est plutôt l’autre
côté qui a du succès…)…. Qui plus est, lorsque ce dernier trouve que Lucas pourrait
l’aider….et faire partie de sa garde rapprochée.
Tout est business surtout sur la Canebière et dans ses
environs …. Pourtant tout cet argent,
est-ce que ça ne fausse pas les rapports humains ?
Une fois encore, Maurice Gouiran met au jour des faits du
passé et les intègre à son intrigue avec doigté. On découvre des événements qui
ont été enfouis (par qui ? pour quoi ?) et qui seront accessibles bientôt (tiens ? est-ce un
hasard ?)…. Avoir accès aux archives de la seconde guerre mondiale peut
bouleverser l’équilibre de certaines familles et on peut se poser la question
de savoir si remuer d’anciens événements est une bonne chose.
En faisant des recherches sur ce sujet (merci Monsieur
Gouiran ! de me donner à chaque lecture, la possibilité d’enrichir mes
connaissances), j’ai lu cette phrase :
« Il n’y a pas
d’archives cachées, il n’y a que des archives égarées, non inventoriées, volées
(notamment par les FTP et le PCF à la Libération), détruites. »
Et j’ai trouvé cette remarque bien facile….
Louka n’est pas honnête, on est d’accord, mais c’est quelqu’un d’attachant. On sent
combien le poids de l’enfance a conditionné son présent, ses désirs les plus
profonds. En plus, il a de l’idée, il est astucieux et capable de réfléchir
(même si ….. pour la boîte aux lettres …) et on se prend à compatir pour que
les machinations qu’il met en place fonctionnent et qu’il s’en sorte….
Les élections présidentielles servent de toile de fond et cela
sent le « vécu », on s’y croirait ! C’est une grande force de
l’auteur : il a installé son roman dans un contexte bien défini mais
chaque détail est pensé, mis en concordance avec le cadre évoqué. Et chaque
fois, il me touche au plus profond en me faisant découvrir des pans de
l’Histoire (avec un grand H) et en me rappelant que les hommes … ne sont que des hommes avec leur force mais
aussi leur faiblesse…..
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