"Fils du passé" de Blanca Miosi (Hijo del Pasado)


Fils du passé (Hijo del Pasado)
Auteur : Blanca Miosi
Traduit de l’espagnol par Maud Hillard
Éditions : Independently published (21 novembre 2019)
ISBN : 978-1710246056
400 pages

Quatrième de couverture

John Hamilton décide de déshériter Howard, son fils unique. Vingt-cinq ans plus tard, le cambriolage d’une banque déclenche une série d’événements qui vont révéler ce qui se cache derrière chacun des trois personnages principaux : Daniel Kozlowski, un Juif polonais, Viveka, sa jeune épouse, Francis Hamilton, fils de Howard, le déshérité, spécialisé en restauration d’œuvres d’art.


Mon avis

Dans ce roman habilement construit, richement documenté, Blanca Miosi nous entraîne dans plusieurs lieux à différentes époques (De 1943 à 2005). Les retours en arrière éclairent la personnalité des protagonistes, surtout Daniel Kozlowski dont le caractère, la vie, les ressentis sont très développés.  Cet homme est un juif polonais que l’on apprend à connaître jeune garçon de dix ans, en 1943, dans le ghetto de Varsovie. Il se bat pour survivre, pour réussir et finira médecin aux Etats-Unis après de nombreuses péripéties.

En 2005, époque où se déroule l’essentiel de l’intrigue, il est installé avec sa seconde et jeune épouse dans une demeure, appelée « maison Hamilton » du nom du propriétaire décédé. Il l’a obtenue en usufruit pour une vingtaine d’années parce qu’il n’y a pas d’héritier. Il doit l’entretenir et en prendre soin pour pouvoir l’habiter. Le couple a une vie bien réglée et est heureux jusqu’à ce que….

Francis Hamilton, petit-fils de l’ancien habitant débarque chez eux. Il leur explique que son grand-père avait déshérité son Papa et que cette villa représente quelque chose pour lui. Daniel et Viveka l’accueillent pour quelques jours. Quelles sont les intentions de cet homme ? Pourquoi veut-il rencontre le banquier que sa famille fréquentait ? Pourquoi reste-t-il dans la maison ? Que cherche-t-il ? Quel est le but réel de sa visite ? Il parle d’une fortune cachée dans le logement. Est-ce vrai ? Les locataires ont-ils découvert quelque chose ? Qui est sincère, qui ne l’est pas ?

Avec doigté, l’auteur nous emmène dans les méandres du passé des personnes évoquées dans ce recueil. Personne n’est vraiment parfait, l’opportunisme guide les pas de certains, d’autres veulent réussir quel que soit le prix à payer, d’autres enfin ne sont habités que par le besoin de rendre les gens heureux autour d’eux (Xia en est un parfait exemple).

Francis Hamilton va se révéler très intéressant, c’est un homme honnête et il est tiraillé entre tout ce qu’on lui propose. Il est devenu avocat parce que c’est ce que voulait son père mais sa vie, c’est l’art et la restauration des tableaux. Il connaît bien l’œuvre de Léonard de Vinci et cela lui sera utile. Il tisse un lien particulier avec Daniel et il est fascinant de voir comment leur relation évolue. Daniel, lui, est quelqu’un qui a souffert mais qui n’a jamais renoncé. Il semble placide mais il réfléchit, analyse et fait face.

J’ai vraiment beaucoup apprécié ce récit. Le contexte est instructif, mêlant fais réels et imaginaires et apportant des informations sur un événement véridique. L’écriture est fluide, le style très vivant, la traduction excellente et le vocabulaire de qualité. Malgré les nombreuses époques, on ne se perd pas car la date est, si besoin, indiquée en titre de chapitre. En outre, il n’y a pas pléthore de personnages et les situations de chacun sont très claires. Ce qui est également captivant c’est que l’intérêt ne faiblit pas. La vie de chacun se découvre par petites touches et les révélations progressives maintiennent l’attention du lecteur. Blanca Miosi est une conteuse hors pairs et je ne me lasse pas de la lire. Je comprends que Maud Hillard, sa fidèle traductrice prenne du plaisir à découvrir ses textes et à nous les faire partager.

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