"Que tombe le silence" de Christophe Guillaumot


Que tombe le silence
Auteur : Christophe Guillaumot
Éditions : Liana Levi (9 Janvier 2020)
ISBN : 979-1034902163
305 pages

Quatrième de couverture
En cet été caniculaire, Renato Donatelli, dit le Kanak, s’ennuie à la section des courses et jeux. Lorsqu’il apprend que Six, son partenaire, serait impliqué dans l’exécution d’un baron de la drogue, il se lance dans une contre-enquête au grand dam de sa hiérarchie. Mais à fouiller le passé, on ressuscite de vieux démons que le gardien de la paix aurait aimé ne plus croiser. Comme une trainée de poudre, sa vie personnelle s’embrase alors que les coups montés et règlements de compte s’accumulent.

Mon avis

Un dernier silence …..

C’est le premier roman que je lis de Christophe Guillaumot et je sais déjà que je vais suivre ses écrits de près. Son écriture précise, concise, coup de poing vous met au cœur de la vie réelle, sans détour, ni faux semblant, cash et vous prenez les événements, les ressentis, en pleine face. Impossible d’y échapper. De plus les thèmes abordés le sont avec doigté, intelligence et réalisme. Avec lui, faire l’autruche c’est non. Il évoque les difficultés quotidiennes pour les jeunes en Nouvelle-Calédonie, dont certains obligés de faire la mule pour espérer des jours meilleurs afin de quitter ce pays. Ils sont cesse confrontés au chômage, à l’insécurité, aux problèmes de racisme, de culture… Il parle du mal-être des policiers et des relations « sur le fil » avec le Mirail dans la banlieue de Toulouse où se trouvent beaucoup de logements sociaux. Une cité où parfois la guerre des clans engendre l’incompréhension et la violence.

Dans ce livre, nous découvrons Renato Donatelli, dit le Kanak, un policier affecté à la section des courses et des jeux. Ce n’est pas ce qu’il préfère car lui, il aime le terrain, l’action, le mouvement mais on ne choisit pas toujours et il faut se plier aux décisions des supérieurs. Il est grand, des mains comme des battoirs qu’il n’hésite pas à utiliser. Il a tendance à agir comme il l’entend, parfois en marge du code de procédure….parce que l’administration a des lourdeurs un peu insupportables et que pour avancer il est nécessaire de se bouger. Lorsque son coéquipier est placé en garde à vue pour le meurtre d’un dealer, il sent le coup fourré, l’arnaque. Bien sûr, son collègue, dit Six, a sniffé de la blanche lorsqu’il déprimait, mais de là à tuer…. Ce qui est gênant, c’est qu’il y a quelques jours à peine, il a démissionné pour aller vivre aux Etats-Unis. Voulait-il fuir après avoir fait le ménage ? Quelle était la raison de ce grand départ ?

Ne voulant pas abandonner son ami, le Kanak va fouiner quitte à déranger, parce qu’il sait bien qu’il n’a pas le droit. Mais lui, il veut un peu d’humanité, de savoir être, de savoir vivre. On ne peut pas, on ne doit pas oublier tout ce que Six a fait de bien avant de juger et de condamner sans essayer de comprendre … Mais certains (certaine … les femmes ne sont pas toutes dans l’empathie) ne pensent qu’à appliquer le système sans discuter, et sans envisager de le changer….
J’ai énormément apprécié ce roman malgré son côté noir. Je l’ai trouvé empli de désespérance mais également de poésie. « Un jour, je ferai un souhait en regardant une étoile, Je me réveillerai là où les nuages sont loin derrière moi…. » Je crois que c’est le subtil équilibre entre ces deux émotions qui donne toute sa force à ce récit. C’est sombre, les hommes sont cassés, épuisés, leur vie est brisée mais il suffit d’une main tendue, d’une viennoiserie, d’un geste et vous vous prenez à croire à nouveau en l’homme avant, quelques fois, de retomber….. Chacun des protagonistes a des failles, une part d’ombre, nous apprenons à les connaître petit à petit et ils deviennent de plus en plus attachants pour ceux qui sont « aimables » (que l’on peut aimer)….

L’auteur est commandant de police, il connaît le quotidien des forces de l’ordre. Il sait de quoi il parle lorsque ses personnages s’expriment, se livrent, et même lorsqu’ils se taisent…. surtout lorsqu’ils se taisent et demandent le silence (Monsieur Guillaumot, vous m’avez fait pleurer sur ce coup-là…)




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