Janvier noir ((Bloody January)
Auteur : Alan Parks
Traduit de l’anglais (Ecosse) par Olivier Deparis
Éditions : Payot & Rivages (5 Février 2020)
ISBN : 9782743649487
525 pages
Quatrième de couverture
Dans l’un des secteurs les plus passants de Glasgow, devant la gare routière, un garçon d’à peine vingt ans ouvre le feu sur l’inspecteur McCoy et sur une jeune femme, avant de retourner l’arme contre lui. La scène se déroule sous les yeux de Wattie, l’adjoint de McCoy. Qui est ce mystérieux garçon ? Quel est le mobile de son acte ? C’est ce que les deux policiers vont s’efforcer de découvrir, malgré l’opposition de leurs supérieurs.
Mon avis
« Janvier noir » s’étale du premier au vingt Janvier 1973, principalement à Glasgow, en compagnie d’un duo de flics assez improbable. Il y a l’ancien : l’inspecteur McCoy, et son adjoint, un petit nouveau qu’on lui a mis sur le dos : Wattie. Au début du roman, McCoy est « convoqué » par un ancien truand qui, de sa prison, lui annonce qu’une demoiselle appelée Lorna va mourir. McCoy ne sait que penser ni que faire de cette information. Malgré ses maigres indices, il la recherche mais il ne peut pas empêcher l’assassinat de cette jeune femme ni le suicide de celui qui lui a tiré dessus. Quels étaient les liens entre ces deux-là ? Est-ce que sous des dehors d’une vie assez « classique », ils ne cachaient pas une part d’ombre ? C’est ce que McCoy veut découvrir, comprendre, cerner mais ce ne sera pas simple. Ses recherches dans une ville sombre, glacée pendant les journées et les nuits hivernales, vont l’emmener sur des chemins de traverse, là où il n’est pas bon de se promener seul, surtout si on est policier…
Mais McCoy, qui traîne derrière lui de nombreuses casseroles et un passé douloureux, ne s’en laisse pas compter, il ne lâche rien, quitte à désobéir à ses supérieurs, quitte à flirter avec le danger, quitte à lâcher son collègue pour agir en électron libre. J’ai vraiment apprécié cet homme, torturé, exigeant avec lui et avec les autres, capable de tout pour arriver à ses fins. Il n’a pas peur de se mesurer aux riches familles de la ville, qui agissent en toute impunité. Il ne veut pas que certains aient des passe-droits et le fait savoir même s’il se met en danger pour cela. Son jeune collaborateur a de temps à autre des difficultés, voire des réticences pour travailler avec une personne atypique comme McCoy mais je suis certaine qu’au fond, il l’aime bien. Leur binôme se complète.
Prostitution voulue ou imposée, religion, magouilles de mafiosi, faveurs pour les riches de la cité, injustices pour les autres….de nombreux thèmes sont présents dans ce récit. Le lieu, lui-même, a de l’importance, tant Glasgow prend une place de plus en plus importante avec ses rues sombres, ses secrets plus ou moins gardés, ses dérives …. Se déplacer aux côtés des enquêteurs permet au lecteur de s’imprégner de l’atmosphère particulière de cette cité, de cerner les relations entre les uns et les autres.
J’ai tout de suite accroché avec le style et l’écriture de l’auteur. Captivée dès les premières lignes, j’ai pénétré dans cet univers parfois noir et j’y suis restée malgré quelques passages très sombres. L’intrigue, réaliste, est parfaitement menée, les événements s’enchaînent et les recherches des policiers permettent de comprendre, petit à petit, tous les tenants et les aboutissants. Certains esprits chagrins ne manqueront pas de signaler qu’un flic qui boit, qui a un passé lourd, qui flirte avec la ligne jaune, ce n’est pas une nouveauté. A la limite, je dirais presque peu importe la vie de cet homme. Ce qui fait le point fort de cet opus est, à mon humble avis, ailleurs. Il est dans le ressenti du lecteur car Alan Parks a une qualité toute particulière : il nous offre la possibilité de rentrer dans un monde qu’on ne connaît pas, non pas en spectateur, mais bien de l’intérieur. C’est sans doute dû à la force de son texte qui décrit un climat in et off : entre les individus mais également dans chacun des lieux évoqués : que ce soit les chambres lugubres, les pubs aux odeurs de tabac et de bière, les différents quartiers et même le commissariat….on a l’impression d’y être.
Je ne connaissais pas cet auteur et j’avais bien tort. Je vais m’empresser de rattraper mon retard en lisant « L’enfant de Février ».
NB : Alan Parks est né en Écosse et a fait des études de philosophie à l’université de Glasgow. Après avoir travaillé dans l’univers de la musique, il se tourne vers l’écriture. Janvier noir est son premier roman. Il a prévu un cycle de douze romans qui retraceront l’histoire criminelle de Glasgow.
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