"L’archipel des lärmes" de Camilla Grebe (Skuggjägaren)


L’archipel des lärmes (Skuggjägaren)
Auteur : Camilla Grebe
Traduit du suédois par Anna Postel
Éditions : Calmann-Lévy (26 février 2020)
ISBN : 978-2702166499
450 pages

Quatrième de couverture

Une nuit de février 1944, à Stockholm, une mère de famille est retrouvée morte chez elle, clouée au sol. Trente ans plus tard, plusieurs femmes subissent exactement le même sort. Dans les années 80, le meurtrier récidive mais ce n’est qu’aujourd’hui que des indices refont surface. Britt-Marie, Hanne, Malin… À chaque époque, une femme flic se démène pour enquêter, mais les conséquences de cette traque pourraient s’avérer dévastatrices.

Mon avis

Quatre époques, de 1944 à 2019, chaque fois des femmes attaquées, clouées au sol avec une violence hors du commun. Des familles qui souffrent, qui ne comprennent pas. D’autres mères qui vivent la peur au ventre, se demandant s’il ne va pas leur arriver la même chose. Et puis la police, impuissante, parfois rattrapée par l’actualité (le meurtre d’Olof Palme) et à ce moment-là plus du tout disponible….

A chaque période, des femmes dans l’équipe d’enquêteurs et toujours, malgré l’évolution de la société, des difficultés pour se faire une place. Des supérieurs qui pensent qu’elles doivent obéir, se taire et se contenter de petites tâches subalternes. La parité ce n’est pas encore ça et si elles ont une place, même minuscule, elles dérangent. Elles se doivent de faire encore plus leurs preuves que les hommes, être toujours disponibles, discrètes et surtout ne pas trop donner leur avis. Et si par hasard, elles émettent une opinion contraire à celles des machos du coin, elles ont du mal à se faire entendre, à être respectées…. Pourtant, elles remarquent des similitudes entre les affaires, elles réfléchissent à la méthode utilisée pour entrer dans les appartements des victimes mais elles ne sont pas écoutées …

Camilla Grebe signe là un roman intéressant et original pour plusieurs raisons. Il y a l’étude et les investigations diverses menées par les uns et les autres pour coincer l’assassin des bas-fonds mais surtout il y a la place des femmes dans ce livre. Les enquêtrices qui se battent pour exister professionnellement tout en étant des héroïnes du quotidien (quand on a un mari, un enfant, il faut sans arrêt jongler avec l’emploi du temps). On voit la progression entre 1944 et 2019 et on se dit qu’il y a encore du chemin à faire… Pourquoi ? Parce que quelle que soit la date, on trouve toujours un homme un peu moins ouvert que les autres, méprisant la gente féminine et le lui faisant savoir par des paroles ou des actes déplorables ….

J’ai été d’abord surprise par la construction de ce recueil, et par le fait que je n’avais pas tout de suite les réponses à mes questions. De plus, cette approche « fractionnée » m’interrogeait, je me demandais quel en était l’intérêt. Puis je suis entrée totalement dans l’histoire et j’ai attendu que tout s’éclaire. J’ai vraiment apprécié cette lecture atypique, bien traduite (merci à Anna Postel) avec des personnages féminins originaux, qui ont du courage et qui osent. Ça fait du bien ! L’atmosphère de chaque intervalle temps est bien retranscrite sans anachronisme.  Ce nouveau titre de Camilla Grebe est donc excellent !


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