Sois gentil tue-le
Auteur : Pascal Thiriet
Éditions : Jigal (15 Février 2020)
ISBN : 978-2377220885
154 pages
Quatrième de couverture
La mer, elle est partout. Et parfois, au milieu, il y a des
îles. Pascal et Murène sont des insulaires mais pas de la même île. Lui, c'est
une île de l'océan, et elle, une de Méditerranée. Ensemble, ils pêchent sur un
chalutier. Le Mort, il s'appelle. Dessus, ballotés par les vagues et les
tempêtes, ils vont bien ensemble. Mais à terre, avec leur passé à traîner, c'est
pas facile tous les jours...
Mon avis
Pascal, c’est un homme de peu de mots. Un taiseux, sans doute
plus à l’aise sur l’océan que sur la terre ferme. Il s’exprime avec un phrasé
simple, des phrases courtes, des mots qui tombent sans fioritures mais qui
suffisent largement à saisir qui il est et à le rendre attachant dès les
premières lignes. On sait de lui seulement ce qu’on a besoin de savoir, il ne
développe pas, il fait dans le genre elliptique, à nous de comprendre sous les
lignes ce qu’il ressent. Il a perdu son père, qui était pêcheur, c’est le
risque quand on est marin. Alors il aurait pu rester à terre mais il n’a pas
pu, sans doute qu’il lui manquait quelque chose, comme un goût de liberté, mais
il ne le dit pas. Son bateau, il l’a baptisé « Le mort » à cause d’un
livre …. pourtant il ne lit pas…. Il a
eu une copine, Lorraine, puis une fille matelot, Murène, qui connaissait le
métier aussi bien que lui…. Ils bossaient bien tous les deux, cohabitaient et
plus si affinité puis elle l’a laissé. Il a continué, obligé parfois de faire
des choses dont il se serait passé mais le crédit est là et il faut bien
rembourser ….
C’est comme si la vie lui imposait des choix, il ne se pose
pas de question. Il avance le pas sûr car lorsqu’on est souvent sur un navire, on
se doit de tenir debout malgré la houle, la vraie qui souffle fort, décoiffe, secoue
l’embarcation et celle, telle une tempête intérieure qui envahit votre corps et
votre cœur …. Dans ces cas-là, on y va et on essaie de faire taire le tumulte là-dedans
pour faire face. C’est pour ça que lorsque Murène lui demande de venir, il prend
la voiture et va la rejoindre. Tout simplement parce qu’elle a besoin de lui. D’aucuns
diront que, comme il est un peu primaire, il bondit sans réfléchir, quitte à se
faire manipuler… Ceux-ci se tromperont. Pascal n’a peut-être pas fait de
grandes études, il n’a sans doute pas une culture générale très étendue et une
conversation fluide et aisée mais il a tout compris de la vie. Il est fidèle en
amour et en amitié et quand on a besoin de lui, il est répond présent.
Ce livre m’a bouleversée, l’écriture particulière, atypique
m’a conquise, elle m’a touchée au plus profond. J’avais l’impression que Pascal,
le marin, me parlait, j’entendais ses silences, j’écoutais attentivement chacun
de ses mots, je sentais parfois son haleine un peu alcoolisée, je crois même
que j’ai touché ses mains rugueuses pour le rassurer, lui dire qu’il ne fallait
pas s’occuper de ceux qui se moquaient, le dénigraient …. Je pense qu’il faudrait
faire une version audio de ce roman, avec un bruit de vagues, de vent en toile
de fond….et une belle voix rauque….
NB : la couverture est superbe, le phare droit comme un
i face aux éléments, vent, ciel d’orage….en noir et blanc comme en écho à la
phrase : « Si l’on m’avait demandé la couleur de la lumière, j’aurais
répondu qu’elle était grise, grise et silencieuse. »
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