Méfaits d’hiver
Auteur : Philippe Georget
Éditions : Jigal (15 septembre 2015)
ISBN :979-1092016512
352 pages
Quatrième de couverture
L’hiver sera rude pour Gilles Sebag, lieutenant de police à
Perpignan. Après de longs mois de doute, il découvre la terrible vérité :
Claire le trompe, le monde s’écroule ! Alors qu’entre déprime, whiskies et
insomnies, il tente de surmonter cette douloureuse épreuve, ses enquêtes le
mènent inexorablement vers d’autres tragédies : une femme abattue dans un
hôtel, un dépressif qui se jette du haut de son immeuble, un homme qui menace
de faire exploser le quartier… Hasard ou loi des séries, une véritable épidémie
d’adultères tournant à chaque fois au drame semble en effet s’être abattue sur
la ville…
Mon avis
« L’amour est à réinventer » …. le polar aussi.
Et le pari est réussi pour Philippe Georget.
Le lieutenant de police Gilles Sebag vient de s’apercevoir
que sa femme bien aimée a un amant ! Et voilà, qu’au boulot, les situations
d’enquête sont des faits d’adultère. Tout lui rappelle son malheur et il
n’arrive plus à faire face, lui, l’homme solide, intuitif, qui parvenait à
résoudre des cas difficiles. Mais là, plus rien ne l’intéresse, ne le porte, si
ce n’est la bouteille et la cigarette. Les questions sur leur union, sur cet «
autre » qui a touché, caressé, aimé sa femme, le taraudent . Es-ce que cette
belle harmonie familiale n’était qu’une illusion ? Quand, comment et pourquoi
ont-ils perdu pied ? Tant de questions sur le couple dans notre société
actuelle, où les tentations sont légion, où les réseaux sociaux peuvent faire
autant de mal que de bien, où pris par le quotidien et nos certitudes, on
oublie l’essentiel, à savoir que, comme le disait Rimbaud que : « L’amour est à
réinventer »…..
Ces collègues sentent que ça ne tourne pas rond mais que
faire ? Certains pensent en profiter pour se mettre en avant (parce que Sebag,
d’habitude il est fort, il dénoue les fils et résout tout, alors si, pour une
fois, il était un peu dans l’ombre….) , d’autres, comme la jeune Julie
(peut-être parce que c’est une femme et qu’elle sait lire entre les lignes le
mal-être de son collaborateur), vont lui tendre la main.
C’est une magnifique description des rapports humains, de
gens ordinaires, dans leur milieu personnel ou professionnel, que nous offre
l’auteur. Le ton est juste, vécu (?), les mots sonnent vrai. Moi, qui suis une
femme, j’avais presque envie d’écrire à Gilles, de lui dire : « Oui, elle a eu
tort, mais toi, est-ce que tu t’es remis en cause ? Comment la regardais-tu ces
derniers temps ? » J’aurais voulu lui prendre la main, lui dire : « Arrête, ce
n’est pas comme cela que tu vas t’en sortir. »
La partie psychologique de ce roman est donc finement
décrite, avec sobriété et réalisme. Et l’enquête dans tout ça, allez-vous me
dire ? Et bien chapeau bas à l’auteur ! On aurait pu penser qu’on allait se
lasser de toutes ces histoires de c…. de corbeau… et autres méfaits divers mais
pas du tout. Au contraire, Philippe Georget s’en sort très bien. Les tourments
de Gilles Sebag permettent une autre approche des relations internes entre policiers
dans l’espace clos qu’est le commissariat. Les protagonistes prennent de la
consistance, se positionnent devant les événements, chacun ayant un angle de
vue différent de ses compagnons. Du coup, c’est très intéressant car chaque
individu appréhende le vécu avec son éclairage personnel, en essayant de ne pas
tomber dans le danger qui amène à réagir en fonction de ses tripes. L’intrigue
évolue à un bon rythme, l’auteur analyse les répercussions des actes évoqués :
séquelles ou pas sur la personne, sur le couple, sur les enfants, sur le
travail, sur la personnalité….
« Méfaits d’hiver » mêle habilement l’étude de mœurs (entre
autres, l’évolution de la position de la femme dans la société tant au travail
qu’à la maison, qui est bien menée, madame est « plus libre » et peut
s’épanouir mais comment ?), l’observation de nos habitudes (chacun chez soi ou
je regarde un peu chez le voisin et « Enfin moi je dis ça, je dis rien…. » ?),
et l’enquête policière intégrée avec brio à tout cela.
L’écriture est belle, soignée, le phrasé élégant, il y a
même, parfois, un parfum de poésie…
« Il flotte dans l’air à ce moment des vérités
indicibles. » « Si on ne les saisit là, on ne les saisira plus jamais. »
Je dirai que, lorsqu’il écrit, Philippe Georget parle à la
fois à notre cœur et à notre cerveau. Et cette savoureuse alliance donne un
opus puissant qui captive et tient en haleine.
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