"Comment tout a commencé" de Pete Fromm (How all this started)


Comment tout a commencé (How all this started)
Auteur : Pete Fromm
Traduit de l'américain par Laurent Bury
Éditions : Gallmeister (7 Mai 2013)
ISBN : 978-2-35178-065-7
344 pages

Quatrième de couverture

Dans une petite ville du Texas perdue au milieu du désert, Austin, 15 ans, et sa grande sœur Abilene défient l'ennui et la monotonie du paysage en s'entraînant avec acharnement au base-ball. Abilene n’a pas pu être joueuse professionnelle, c’est donc à Austin de devenir le meilleur lanceur de tous les temps, et la jeune fille entraîne son frère jusqu'à l'épuisement. Emporté par l’irrésistible exubérance de sa sœur, aveuglé par son admiration, Austin refuse de voir que quelque chose ne tourne pas rond. Pourtant, les sautes d'humeur, les lubies et les disparitions inexpliquées d’Abilene détériorent de plus en plus l'ambiance familiale et commencent à compromettre l'avenir de son frère. Même l'inébranlable complicité qui les unit envers et contre tout – leurs parents, leur vie solitaire, la médiocrité de leur entourage – semble se fissurer insidieusement.

Mon avis

Au bord du gouffre….

Il s’appelle Austin, il aime sa sœur : Abilene, le base ball, ses parents…
C’est « lui » qui raconte, qui nous explique sa vie, sa relation avec sa famille, ses camarades…

Abilene est « handicapé des sentiments », elle ne sait pas comment aimer, elle ne sait pas ce qu’il faut faire pour montrer qu’elle aime, elle ne sait pas s’aimer… Parfois, ses sentiments explosent…alors elle se sent à l’étroit dans sa vie. Tout à coup pour elle, le monde est trop petit …De surcroit, elle ne reconnaît plus son corps, elle ne s’appartient plus… Elle éclate comme une bulle et part en mille morceaux au gré de ses envies qui, tout à coup, deviennent ses seules priorités…

Elle est tout pour Austin, son cadet… Elle est son « Dieu »…. Prestige de l’aînée ? Complicité exacerbée par ce sport, le base-ball, qui les unit ? Passion partagée ? Trop ? Mal ?
Austin « s’oublie » devant Abilene… Non pas qu’elle lui fasse de l’ombre…Quand elle va bien, elle rayonne, elle illumine et tous brillent avec elle… Quand elle va mal, Austin ne saisit pas, refuse de voir, de penser que quelque chose « cloche »….

C’est une Abilene pour qui la maladie va aller crescendo que nous découvrirons dans ce roman.
Toujours sur la tangente, épuisante, épuisée de temps à autre…
Même s’il lui arrive d’être réaliste :
« Tu te crois invincible, tu crois que tu es l’être le plus formidable du monde, et une seconde après tu ne sais même plus ce que tu fais. »
Elle ne comprend pas et rejette l’idée qu’il est nécessaire qu’elle se fasse aider….

Avec une écriture toute en délicatesse, très fine, infiniment juste, Pete Fromm nous emmène par la voix d’Austin, dans les méandres des rapports familiaux. Abilene est le centre, l’aimant qui attire tout, le bien comme le mal, la joie comme la tristesse, l’enthousiasme comme le rejet…mais….
« Mais nous ne pouvons plus suivre Abilene. Aucun de nous….. On ne peut qu’espérer. »

Comment ne pas se sentir coupable quand votre enfant, la chair de votre chair, adopte un comportement qui vous échappe et qui sort des normes de la convenance, se mettant lui-même (et les autres) en danger ? Comment agir « pour son bien » alors qu’il se révolte ? Que dire, que faire ?
Comment supporter, ce si lourd regard, celui des autres ?

A travers le cheminement d’Abilene, nous accompagnons la souffrance d’une famille sur la route de l’acceptation. Leur fille, leur sœur, s’enfonce ; ils essaient de ne pas couler avec elle, de se maintenir à flots…

Ce sont toutes les « positions » des différents membres de la famille, qui évoluent autour d’Abilene qui sont évoquées. Sous des angles différents, celui de la raison, celui de l’amour, celui du lien familial et bien d’autres encore, l’auteur nous fait approcher de plus ou moins près cette terrible pathologie. Une de ces maladies dont on ne guérit pas et qu’il faut apprivoiser, apprendre à gérer, supporter au quotidien et bien appréhender pour qu’elle reste à sa place, sous-jacente mais silencieuse….

Ce livre m’a beaucoup émue, bouleversée, touchée. Le style est si vivant qu’on a l’impression que Pete Fromm parle d’un quotidien qu’il a rencontré…

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