Pièces détachées (The Doll House)
Auteur : Phoebe Morgan
Traduit de l’anglais par Danièle Momont
Éditions : L’Archipel (2 Avril 2020)
ISBN :9782809828245
386 pages
Quatrième de couverture
Corinne a déjà eu recours à des FIV. Mais cette fois, elle
en est sûre, c’est la bonne. Cette cheminée miniature, qu’elle découvre un
matin sur le pas de sa porte, n’est-elle pas un signe du destin ? Cette
cheminée coiffait le toit de la maison de poupée que son père adoré avait
construite pour elle et sa sœur Ashley. Bientôt, d’autres éléments de cette
maison de poupée font leur apparition. Corinne prend peur. Qui s’introduit chez
elle ? Qui l’espionne ?
Mon avis
Elles sont deux sœurs. Ashley, mariée jeune, trois enfants
dont une adolescente (avec les problématiques liées à cet âge) et une petite
dernière qui pleure beaucoup. Cela joue sur ses nerfs et sur son couple car les
soirées et les nuits sont difficiles. Son mari passe énormément de temps au
travail (trop ?). Sa sœur, c’est Corinne, en couple sans enfant alors qu’elle
ne rêve que d’être enceinte. Elle fait des FIV, travaille dans une galerie d’art
et son compagnon est journaliste. Les deux frangines habitent Londres, s’entendent
bien et ont une mère, veuve depuis peu. Cette dernière a quitté la grande
demeure familiale pour s’installer dans quelque chose de plus petit et s’isoler
comme si la mort de son époux l’avait un peu « éteinte ».
Lorsque le roman commence, Corinne est prête à tenter une
dernière insémination, elle est nerveuse, pleine d’espoir mais extrêmement
tendue par l’enjeu. Ashley, de son côté, est au bout du rouleau, un bébé
pleureur, un conjoint peu présent, une ado en pleine crise … C’est lourd, d’autant
plus qu’elle sent bien que les deux derniers ne lui disent pas tout. Sa fille
aurait-elle de mauvaises fréquentations ? Son tendre et cher commencerait-il
une liaison ? En outre, ça va être l’anniversaire de la mort de son Papa, période
douloureuse en souvenirs qu’elle va partager avec sa mère et sa sœur.
En commençant ce roman, on s’attache très vite à ses deux
femmes et on suit leur quotidien dans la capitale londonienne en 2017. On passe
de l’une à l’autre dans les différents chapitres. Lorsque c’est Corinne, la
narration se fait à la première personne et c’est elle qui s’exprime. Pour
Ashley, c’est avec un regard extérieur en mode discours. Il y a également
quelques passages en italiques où une personne s’exprime. On ne sait pas de qui
il s’agit, on ressent sa souffrance, son aigreur …
Les journées s’écoulent entre impondérables et routines. Corinne
repart à la clinique et attend les résultats, crispée, n’osant espérer… Ashley
est épuisée, elle reçoit des appels anonymes qui la font douter de James, l’homme
de sa vie… Soudain, une éclaircie, le test de grossesse de la première fait
apparaître deux petits traits bleus. La fin d’un long combat, le début d’une
autre vie ? Plutôt le commencement d’un cauchemar…. En effet, Corinne
commence à trouver chez elle ou au travail, des morceaux infimes d’une
magnifique maison de poupée que son père avait construite. Or, ce jouet est
censé être chez sa génitrice. Que se passe-t-il ? Est-elle en train de se
faire des films ? Ses hormones qui « travaillent »
dérèglent-elles son équilibre ? A
partir de ce moment-là, la tension est palpable et monte crescendo au fils des
pages. Dans l’un ou l’autre des deux ménages, des événements bizarres se produisent,
parfois minimes, d’autres plus dérangeants. Faut-il y accorder de l’importance ?
Les compagnons de Corinne et Ashley ont
tendance à minimiser. Les femmes s’affolent vite, c’est bien connu. Le lecteur,
lui, ne sait plus que croire, que penser.
Et puis les choses s’accélèrent, l’atmosphère est de plus en plus
anxiogène. Les non-dits familiaux paraissent assez nombreux. Les secrets
enfouis, voire totalement tus, vont-ils être dévoilés ? Par qui, pour quoi ?
Comment sont liés les différents protagonistes ? Certains sont-ils aussi
honnêtes et « lisses » qu’ils en ont l’air ? Ne cachent-ils pas une
part d’eux-mêmes, de leur vie ?
J’ai particulièrement apprécié ce recueil. D’abord, parce
que la traductrice a fait un travail remarquable. Elle a maintenu une écriture
fluide, prenante, un suspense captivant et a utilisé un vocabulaire de qualité (j’ai
même découvert trois nouveaux mots). Cela contribue beaucoup au plaisir de
lecture et il me semble important de le souligner. En outre, l’intrigue est parfaitement
construite, les corrélations entre les uns et les autres s’éclaircissent petit
à petit et on comprend les volontés de chacun. Les personnages sont suffisamment étoffés et
ont de la profondeur. C’est un premier titre pour cet auteur et c’est absolument
maîtrisé, une belle réussite !
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