"Recluses" de Séverine Chevalier

 

Recluses
Auteur : Séverine Chevalier
Éditions : Écorce (21 Novembre 2011)
ISBN : 978-2953541724
185 pages

Quatrième de couverture

Dix ans après. Suzanne se pointe comme une fleur, embrasse sa soeur Xia, la jette clans son fauteuil, embarque quelques fringues, roule à toute allure dans le parc du Centre jusqu'à sa voiture où elle harnache Xia sur le siège avant, replie l'engin, démarre et dit : «Ma soeurette, on va voir du pays.»
Le fantôme de la fille en jaune plane sur l'itinéraire des deux soeurs lancées sur ses traces.
Qui était Zora Korps, celle dont tout le monde a parlé au cours des semaines qui suivirent le drame ? Pour Suzanne, le découvrir devient une obsession. Pour Xia, c'est une énigme.

Mon avis

Recluses….

Prisonnière dans sa tête ou dans son corps, voire dans son écriture…

C’est tout cela qu’exprime Séverine Chevalier par l’intermédiaire d’un style déstructuré, ensorcelant, adapté aux différents personnages qui prendront la parole tour à tour…

Il y aura la parole d’une longue lettre, parole scientifique, posée, énonçant des faits, en analysant d’autres. Celui-là se livrera peu préférant évoquer les autres…

On trouvera également des commentaires appliqués, avec de belles phrases bien construites, remplaçant l’oralité de celle qui ne peut pas communiquer mais qui a tant et tant à dire…

« Je me demande si elle sait que c’est fragile comme du verre, les silences. Elle a constaté plus d’une fois que ceux qui se taisent appellent la parole des autres.»

L’œil extérieur du narrateur s’exprimera quant à lui assez simplement.

Et la plus forte, celle qui sort par flots, trop vite, comme une vague… Elle emporte tout sur son passage, le lecteur et ses certitudes, ébranlé pas le tumulte qui l’envahit, modifiant les perceptions, les sensations, les émotions… Parole de femme ? Non, plutôt parole d’âme… Je pense que cette dernière voix est celle de la souffrance, de l’errance mentale d’un esprit qui se cherche, de tout ce que Suzanne a enfoui et qu’elle libère par saccades, comme si elle « vomissait » les mots… Parfois ils s’emboîtent et forment des paragraphes bien lisses, parfois, ils vivent leur vie, leur vie ils la vivent, seuls, se répétant, comme des mots qui vivent leur vie, la leur, propre, comme ça, parce que, pourquoi ? Parce que…

Chacun interprétera le texte de Séverine Chevalier avec son vécu, ce qu’il est…. Ce qui est certain et elle l’écrit si bien…. c’est que nous sommes tous prisonniers de quelque chose, que ce soit de nos peurs, de nos désirs, de nos manques, de nos possessions, de nos mots …. Son livre est en quelque sorte la libération de la parole ….


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