Auteur : Patrick Amand
Éditions : du Caïman (9 Juin 2020)
ISBN : 978-2919066834
172 pages
Quatrième de couverture
En acceptant de partir à la recherche du fils d'un patron du
CAC 40 évaporé dans la nature mexicaine, Eneko Aggiremutxeggi - avocat radié du
barreau reconverti dans les enquête et filatures douteuses - ne s'attendait pas
à un tel périple. En ce mois de février 2001, au beau milieu de la caravane de
l'EZLN, l'Armée zapatistes de libération nationale, l'enquêteur basque aux
méthodes peu orthodoxes, se retrouve embarqué dans un road-movie zapatiste
improbable...
Mon avis
Voilà un petit polar qui décoiffe !
Eneko Aggiremutxeggi, il a un nom imprononçable mais c’est
normal, il est basque ! Après quelques soucis avec le barreau, Eneko (oui,
je vais me contenter de son prénom) a pris les chemins de traverse : il
est devenu détective. Pas vraiment dans les clous, ses méthodes sont ce
qu’elles sont…. Un gros magnat du haricot le contacte et lui confie une mission
au Mexique, tous frais payés. Ce qu’il doit faire ? Trouver le fils de la
famille qui est parti étudier à Mexico et qui ne donne plus de nouvelles. Eneko
se rend donc là-bas pour mener l’enquête.
Ce pourrait être simple mais le contexte est difficile. Le
récit se déroule en 2001. A cette époque, le mouvement zapatiste est en pleine
activité. Je ne vais pas refaire l’histoire, mais il est malgré tout important
d’avoir une idée du contexte. Rafael Sebastián Guillén Vicente, dit «
sous-commandant Marcos », est un militant altermondialiste mexicain qui a été
le porte-parole de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN). A la fin
des années 80, il a pris fait et cause pour les Indiens du Chiapas. Beaucoup d’autres,
comme eux, n’avaient plus droit à la parole. Marcos a su les rassembler pour l’EZLN.
Début 2001, Marcos et les Zapatistes ont décidé d’une longue marche de trois
mille kilomètres en direction de Mexico pour rencontre le président de la
république et reprendre les négociations sur les droits des indiens
interrompues en 1996. La marche devait être pacifique mais ce n’est jamais aussi
simple que ça. De nombreuses personnes, les mouvements de foule, les éléments perturbateurs
qui se glissent ça et là et vous voyez l’ambiance. En plus, lorsqu’on s’oppose
au pouvoir politique en place, on a tout de révolutionnaires et on est
considéré comme tels.
C’est dans cette atmosphère un tantinet électrique, dans un
pays où la pauvreté transpire, qu’Eneko va se faufiler, se glisser et essayer
de se renseigner incognito. C’est sans compter son côté imprévisible, rebelle
et spontané. Il a le langage fleuri, brut de décoffrage et les attitudes qui
vont avec. Alors forcément, il va se retrouver à faire des rencontres
improbables, certaines plutôt bénéfiques, d’autres plutôt dangereuses. Il sera
obligé de jongler entre tout ça, de se cacher, d’observer, de découvrir quand
même ce qu’il est advenu du jeune étudiant qu’il recherche. Le contexte est
bien choisi, riche, décrit avec précision. A l’étranger, il faut se plier aux
codes de vie du pays, pour ne pas avoir d’ennuis et Eneko s’en rend compte
rapidement. Même s’il n’en a pas envie, il doit se plier à certaines exigences….
Le rythme est vif, rapide. L’écriture endiablée, teintée d’ironie
et d’humour, aborde pourtant de vrais problèmes. C’est probablement dans ce
phrasé que réside la force de l’auteur. L’air de rien, il touche à des sujets
graves, démontre que les hommes peuvent sembler « légers », voire « détachés »
et être de vrais gentlemen (n’est-ce pas Eneko page 155 ?). J’ai aimé cet
équilibre entre le fait de toucher du doigts de vrais problèmes de société et l’homme
qui les regarde sans se prendre au sérieux. Son attitude permet de dédramatiser
les situations, de penser qu’il y a toujours une solution, de rester optimiste
et on en a bien besoin !
J’ai été conquise par ce recueil. Il apporte une bouffée de
fraîcheur, de la couleur dans le monde des romans noirs avec son petit côté
décalé, ses personnages atypiques et attachants.Et toutes les allusions à Hubert-Félix Thiefaine (toute ma jeunesse) sont un plus !
NB: la photo de couverture est superbe !
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