Les dynamiteurs (The Dynamiters)
Auteur : Benjamin Whitmer
Traduit de l’américain par Jacques Mailhos
Éditions : Gallmeister (3 septembre 2020)
ISBN : 978-2351782293
400 pages
Quatrième de couverture
1895. Le vice règne en maître à Denver, minée par la pauvreté́
et la violence. Sam et Cora, deux jeunes orphelins, s’occupent d’une bande
d’enfants abandonnés et défendent farouchement leur “foyer” – une usine désaffectée
– face aux clochards des alentours. Lors d’une de leurs attaques, un colosse défiguré́
apporte une aide inespérée aux enfants, au prix de graves blessures que Cora
soigne de son mieux. Muet, l’homme-monstre ne communique que par des mots griffonnés
sur un carnet. Sam, le seul qui sache lire, se rapproche de lui et se trouve
ainsi embarqué dans le monde licencieux des bas-fonds.
Mon avis
Sam a quatorze ans, en 1895, il vit à Denver dans une usine
désaffectée où il est installé avec Cora. A eux deux, ils s s’occupent de
jeunes orphelins. A cet âge-là, ils seraient mieux dans un foyer, dans une
famille d ‘accueil mais la vie ne leur a pas offert cette chance… Alors ils
mettent toute leur énergie, toute leur volonté au service de ces petits à qui
ils essaient de donner un semblant d’existence équilibrée.
Ils mendient, ils survivent tant bien que mal comme les
miséreux qu’ils sont. Ce qui les a amenés ici ? La faute à pas de chance,
des parents déficitaires, un mauvais concours de circonstances, une aide ou une
main tendue qui ne sont pas venues au bon moment…. Les conditions de vie sont
difficiles, les clochards attaquent souvent mais la bande de Sam et Cora a mis
au point des stratégies de défense. Et ils ne s’en sortent pas trop mal. Et
puis, un jour, une bataille plus violente les met en difficulté et un homme
gigantesque intervient et les aide….
Une relation particulière va se nouer avec lui. Il ne peut
plus parler, il est blessé, il souffre. Seul Sam sait lire….Il sera le « lien »
pour cet homme. En échange, ce dernier les aidera, les protègera en quelque
sorte, mais à quel prix ? Jusqu’où
peut-on aller pour rester en vie ? La violence peut-elle être une forme de
rédemption ? Que peut tolérer l’homme, que peut-il pardonner ? Guerre
de gangs, actions violentes, vies dans les bas -fonds, c’est au plus noir de l’âme
humaine que nous emmène Benjamin Whitmer et l’excellent traducteur Jacques
Mailhos. Est-ce qu’on peut prendre goût à semer la terreur autour de soi lorsqu’on
a le sentiment de s’ériger en justicier ? Que se passe-t-il lorsqu’on
tombe dans l’engrenage de l’agressivité avec excès ?
C’est Sam qui raconte et par sa voix, le lecteur entend tous
ces laissés pour compte qui ont dû faire des choix qu’ils ne voulaient pas.
Avec une écriture au scalpel, où chaque mot vous renvoie à vos propres peurs, l’auteur
fait mouche. Il vous tord le ventre, vous fait trembler ou rugir de rage, de
colère….Il ne vous laisse que peu de répit. Le style est puissant, c’est noir,
terriblement sombre… L’aspect psychologique des personnages est abordé avec
doigté, sans pathos, les faits, rien que les faits et c’est ce qui est terrible…L’espoir
est si ténu que vous vous demandez si ce mot existe encore…..
Il me laisse à chaque fois le cœur en vrac et c’est pour
cela que Benjamin Whitmer est un très grand écrivain. Il rend ses histoires infiniment
réalistes, ses protagonistes vous hantent encore longtemps une fois la dernière
page tournée et vous savez qu’ils ont laissés une marque au fer rouge dans
votre esprit….
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