"Un jour viendra couleur d'orange" de Grégoire Delacourt


Un jour viendra couleur d’orange
Auteur : Grégoire Delacourt
Éditions : Grasset (19 Août 2020)
ISBN : 9782246824916
272 pages

Quatrième de couverture

Tandis que le pays s’embrase de colères, Geoffroy, treize ans, vit dans un monde imaginaire qu’il ordonne par chiffres et par couleurs. Sa pureté d’enfant « différent » bouscule les siens : son père, Pierre, incapable de communiquer avec lui et rattrapé par sa propre violence ; sa mère, Louise, qui le protège tout en cherchant éperdument la douceur. Et la jeune Djamila, en butte à la convoitise des hommes, fascinée par sa candeur de petit prince.

Mon avis

Réparer la colère ….

Pierre est en colère….. Contre la vie qui lui a donné un fils autiste avec lequel il n’arrive pas à communiquer…. Contre sa femme qui, elle, a réussi à établir un lien, à comprendre leur enfant malgré son côté étrange …. Contre la société car les choses sont compliquées…. le coût de la vie, les conditions de travail etc…. Toute cette colère rentrée, accumulée, presque éteinte ne demande qu’à flamber….

Alors, lorsque commence le combat des gilets jaunes, il en est. Il y va, c’est comme une seconde famille, lui qui ne trouve plus de place dans la sienne, il a l’impression d’exister à nouveau, d’être visible. Alors, il crache sa colère, il la vomit, il la crie ….. Pendant ce temps, son épouse accompagne ceux qui sont en fin de vie, en soins palliatifs … Elle n’est que douceur, délicatesse, alors qu’il n’est que rébellion…..

Deux mondes opposés, qui ne savent plus se parler. Est-ce que hurler sa révolte suffit à s’en débarrasser, à faire bouger les lignes ? Pierre va réaliser que non… Alors que faire ?  Pendant qu’il devient un père plus qu’absent, son fils a des soucis et doit lutter lui aussi.

Ce livre, dont le titre de chaque chapitre est une couleur, raconte plusieurs combats. Celui des gilets jaunes, celui de Geoffroy, autiste, celui de Dajmila contre le racisme, les préjugés, les traditions familiales, celui de ces hommes et femmes qui ont faim, qui souffrent…. Et celui de tous ceux, dans l’ombre qui se battent pour un monde meilleur….

L’écriture de Grégoire Delacourt est d’une poésie infinie, elle nous enchante en quelques mots.
« Le ciel se marbrait de cuivre. Les six gilets jaunes ressemblaient à des flammes qui dansent. Des lucioles d’ambre. »
J’aime son phrasé, le rythme qu’il donne à son récit avec des mots qui murmurent à l’oreille. Le style est caractéristique, parfois deux mots, sans verbe. Ça suffit et ça fait mouche. On les prend. Comme ça. De plein fouet. Et on se dit qu’il a raison, c’est la vie qu’il décrit même si on peut penser que, dans ce roman, il y a un sacré condensé de cabossés par la vie. Peu importe, on n’est pas là pour vérifier si c’est vraisemblable ou pas, on est là pour se délecter, s’imprégner de cette histoire et espérer avec l’auteur et ceux qu’ils évoquent qu’un jour, on revienne à :
« Le temps où le monde avait la taille d’un jardin. »
Un monde où on se parlait, on se regardait, on s’entraidait et surtout où on se connaissait…..

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