Bouclage à Barcelone (Se sabrà tot)
Auteur : Xavier Bosch
Traduit du catalan par François-Michel Durazzo et Laurent
Gallardo
Éditions : Liana Levi (5 Juin 2015)
ISBN : 9782867467820
272 pages
Quatrième de couverture
Damer le pion à la concurrence avec la une la plus accrocheuse, telle est la mission de Dani Santana, ex-présentateur télé, promu directeur de la rédaction du Crònica. Ce n’est pas les sujets de scoop qui manquent à Barcelone! Prostitution, scandales immobiliers, insécurité, sans parler des trafics de bière sur les Ramblas... Senza, célèbre chef de la rubrique Société, lui fournit des informations de première main grâce à sa liaison secrète et torride avec l’intendante de police Eva Bosch. Et aussi grâce à ses liens avec deux jeunes Syriens qui le tuyautent sur les différents trafics de la ville. En contrepartie, il leur donne des renseignements, sans trop chercher à comprendre. Ce que Senza ne sait pas, c’est qu’il est suivi. Ce que Santana n’a pas compris, c’est qu’il est manipulé. Et ce que Barcelone ignore, c’est qu’un réseau islamiste prépare un attentat dans l’ombre...
Mon avis
Les dessous d’un journal
Avant de parler du roman, quelques mots sur l’auteur.
Xavier Bosch i Sancho, plus connu sous le nom Xavier Bosch, est un écrivain et journaliste Catalan. Il a été directeur du journal Avui (journal quotidien payant d'information généraliste, édité à Barcelone et écrit en catalan) en 2007 et 2008. C’est dire s’il connaît le milieu qu’il évoque dans « Bouclage à Barcelone ».
D’ailleurs, c’est plus dans l’approche du «monde » des rédacteurs que dans l’intrigue policière elle même que réside l’intérêt de ce roman. Le contenu de cet opus nous démontre que l’information peut être manipulée, que les chroniqueurs peuvent être corrompus et que le lecteur ne lit que ce que ce que les pigistes veulent bien leur faire savoir. Enfin, pas vraiment les pigistes d’ailleurs… Jusqu’où la liberté d’expression va-t-elle ? Quel est le rôle d’un directeur de quotidien? Quels sont les liens avec la politique (surtout lorsque des élections sont en ligne de mire), comment s’installent les « trafics d’influence » ? Et pourquoi et comment les électeurs peuvent-ils subir une pression de vote sans s’en rendre compte ? Vous allez me rétorquer : « Mais tout cela, on le sait déjà ! » Bien sûr, mais dans le cas de ce récit, on est vraiment dans le cœur de l’action, des interactions, des réactions de chacun et ça fait froid dans le dos…
Démolir et construire….
Un des protagonistes parle de leur travail en ces termes
alors que le nouveau directeur du journal est plutôt un idéaliste, quelqu’un
qui veut être honnête, dire la vérité quels que soient les risques et les
répercussions (le boomerang lorsqu’il écorche quelqu’un). C’est tout à son
honneur mais ce que nous découvrons, c’est qu’il est un pion, un élément choisi
avec soin pour des raisons bien précises et il devra prendre des décisions… On
s’aperçoit également que beaucoup de personnes jouent « double-jeu » et nagent
en eaux troubles lorsque ça les arrange. Qui manœuvre qui et dans quels buts ?
Effectivement, par le biais d’écrits, il paraît très aisé
d’asseoir une réputation, de consolider une personnalité ou au contraire de la
détruire….
Le directeur de la rédaction aurait-il dû se méfier, avoir tous ses sens en alerte lorsqu’on est venu le chercher et qu’on lui a dit « C’est vous qu’on veut » ? Son ego a-t-il été suffisamment flatté pour qu’il dise oui ou alors n’avait-il pas vraiment le choix ?
J’ai trouvé ce roman habilement construit. On assiste à la lente descente d’un homme qui croit en ce qu’il fait, qui a « des valeurs », et qui cherche à rester intègre face à ce qu’il découvre de corruption, de manipulations, de trafics …. Il y a un passage où les personnages regrettent de ne pas pouvoir dire ce qu’ils savent, ils aimeraient aussi que d’autres qu’eux sachent la vérité …. On s’aperçoit que ce n’est pas aisé de traiter l’information car il n’y a pas que ce qu’on voit mais tout ce que représente la face cachée de l’iceberg ….
J’ai découvert le cadre de la presse par l’intermédiaire de ce roman. Cette lecture m’a donné un autre éclairage sur le « tous les mêmes » que j’aurais peut-être eu tendance à dire trop rapidement. Je crois que rien n’est aisé, ni pour ceux qui écrivent, ni pour ceux qui dirigent car, au-dessus d’eux, encore plus haut, se trouvent les actionnaires et le fait d’investir de l’argent semble leur donner toute puissance….
L’écriture de Xavier Bosch est précise, fluide et agréable. Les chapitres sont bien rythmés. La narration peut surprendre (certains chapitres sont écrits à la première personne lorsque Dani Santana s’exprime, d’autres à la troisième personne pour les autres scènes) mais cela ne m’a pas dérangée.
Une lecture originale par le thème, à découvrir.
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