Ange
Auteur : Philippe Hauret
Éditions : Jigal (15 Septembre 2020)
ISBN : 978-2377221080
210 pages
Quatrième de couverture
Ange est une jeune femme rebelle, survoltée et aventureuse
qui profite de sa séduisante plastique pour attirer de riches entrepreneurs
avant de les dépouiller. Elle partage un appartement avec Elton, son ami
d’enfance. Ce dernier passe ses journées, rivé sur le canapé, devant la télé,
tout en se rêvant multimillionnaire. Lorsque Ange rencontre Thierry Tomasson, véritable icône télévisuelle, elle
s’imagine déjà mener une brillante carrière de chroniqueuse. L’animateur,
surtout soucieux de s’adjuger ses jolies formes, va vite la faire déchanter…
Mon avis
C’est noir, c’est brut, c’est cash, ça déménage, ça fait mal
et ça n’épargne pas le lecteur qui prend ces vies fracassées, brutalisées, désespérées
en pleine face.
Ange et Elton partagent un appartement. Elle profite de son
corps de rêve pour arnaquer les hommes, il ne fait pas grand-chose de ses
journées, collé face au petit écran qui le fait rêver…. Lorsque la première
rencontre Thierry Tomasson, un homme de télévision, elle imagine faire
carrière, sortir de son quotidien, aller vers un autre destin. Mais c’est un
milieu superficiel, un jour on plaît, le lendemain on vous jette. Déçue par la
star télévisuelle, Ange décide de se venger et d’obtenir un pactole pour se
mettre à l’abri avec son colocataire.
Quand on monte une anarque, il faut bien réfléchir, tout
envisager, y compris ce qui ne se produira probablement pas. Personne n’est à l’abri
de mauvaises surprises ou d’un retour de bâton à l’issue duquel on se retrouve
en fâcheuse posture.
Ange est enthousiaste, impulsive. Elle a eu une idée et n’a
qu’un souhait : la mettre en œuvre au plus vite, obtenir ce qu’elle a
décidé et vivre mieux, ailleurs, loin, très loin….Sauf que rien ne se passe
comme prévu et la voilà, avec son pote à qui elle a demandé de l’aide, embarquée
sur des chemins de traverse bien nauséabonds et risqués. Pourront-ils s’en
sortir ? À quel prix ?
Philippe Hauret utilise une écriture sèche, incisive,
dépourvue de toute fioriture pour ancrer ses romans dans notre société qui va
mal : chômage, galère et budgets étriqués pour les uns, strass, paillettes,
et fortune pour les autres. Le fossé devient de plus en plus important, se
creuse encore et encore. A travers ses personnages aux noms bien choisis :
Michel Diquaire ou Cyril Hanana (toute ressemblance etc….) et les aventures d’Ange
et Elton, il égratigne les bons penseurs, les gens lisses qui donnent des
leçons (c’est facile quand on ne sait pas ce que c’est d’avoir des difficultés).
Ses phrases courtes font mouche et percutent. Il y a des pointes d’humour,
presque désespéré comme si la dérision permettait de prendre de la distance
avec la virulence des faits.
Chaque chapitre est introduit par le titre d’une chanson en
lien avec le contenu de ce qui va suivre. C’est bien pensé et les airs résonnent
en nous. J’ai particulièrement apprécié que le ton ne soit pas au jugement. L’auteur
montre bien que, quelques fois, la frontière entre le bien et le mal est
infime, qu’un simple grain de sable peut tout faire basculer et que personne ne
maîtrise jamais tous les événements. Ange est une cabossée de la vie, elle se
bat avec les armes qu’elle possède pour essayer d’améliorer son quotidien. Oui,
ce qu’elle fait n’est pas légal, pas bien, mais que peut-elle espérer ? Lorsque
l’engrenage se met en route, quels moyens a-t-elle pour arrêter ? À part
surenchérir ?
Ce roman m’a secouée, interpelée. En peu de pages, j’ai
ramassé la noirceur et la désespérance de ceux que la société a blessés.
Heureusement, les dernières pages m’ont arraché un sourire …..
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