Balle Perdue (The Bullet)
Auteur : Mary Louise Kelly
Traduit de l’anglais par Aline Azoulay-Pacvoñ
Éditions : Marabout (1 er Juin 2016)
ISBN : 9782501103954
374 pages
Quatrième de couverture
Caroline Cashion, professeure de littérature française à
l'université de Georgetown, découvre lors d'une IRM qu'elle a une balle logée à
la base du crâne. Or elle est sûre de ne jamais avoir essuyé aucun tir. Elle
apprend qu'elle a été adoptée après le meurtre de ses parents biologiques quand
elle avait 3 ans. L'enquête n'a jamais été bouclée et la jeune femme devient
une cible.
Mon avis
Voici un premier roman parfaitement abouti et mené de main
de maître. Si l’intrigue (une jeune femme qui est la cible d’un malfrat) n’a
rien d’exceptionnel, le fait que cette situation soit liée à une balle reçue
dans la tête (et restée en place ), il y a plus de trente ans, est assez
extraordinaire. D’ailleurs, qui est le personnage principal : Caroline ou le
projectile qu’elle a à la base de la nuque ?
La jeune femme qui menait jusqu’à cette découverte, une vie
linéaire et bien classique, va se retrouver confronter à l’inconnu. C’est tout
un pan de son existence qui n’est plus ce qu’elle croyait. Dans l’écriture de
l’auteur, on sent très bien, le mal-être de Caroline qui augmente au fur et à
mesure des découvertes déstabilisantes qu’elle fait. La professeure n’a, d’un
coup, plus de racines, plus de bases solides sous les pieds et c’est terrifiant
pour elle. Le lecteur prend alors fait et cause pour elle tant ses questions
nous interpellent. Comment aurions-nous réagi à sa place, qu’aurions-nous fait
? Lorsque ce que qu’on croit vrai depuis plus de tente ans, se révèle faux, que
faire, que dire ?
Caroline va décider d’aller sur les traces de son passé. On
la comprend mais tout cela est loin, si loin, que va-t-il en rester ? Obstinée,
tenace, elle n’aura de cesse de vouloir aller plus loin, de savoir d’où vient
cette balle. Cela va l’entraîner dans une spirale infernale où elle va être un
gibier car certains ne souhaitent pas que la vérité (dérangeante forcément)
éclate…. La révélation finale sera stupéfiante, déroutante mais bien pensée !
Le style est vif, la traduction excellente et l’ensemble des
chapitres très harmonieux. On suit Caroline, on assiste à « la destruction » de
la personne qu’elle était, comme si sa personnalité avait été faussée et qu’il
lui faille repartir autrement…. Et de ce fait, on la verra petit à petit, tout
en souffrant, « se reconstruire » pour devenir celle qu’elle décidera d’être,
au plus profond d’elle-même. Pour cela, il lui faudra du temps. Que ce soit sa
famille, son médecin ou ceux qui vont apparaître dans sa vie suite à ses
recherches, chacun se devra de respecter son rythme, ses silences, ses colères,
son cheminement …..
Ce roman est captivant d’un bout à l’autre. Le suspense va
grandissant et quelques fois, ce qu’on tenait pour acquis s’avère faux, ainsi
on repart avec d’autres indices, d’autres suggestions...
Mary Louise Kelly qui est journaliste reporter, a parcouru le monde. Peut-être que le soir, lorsqu’elle se retrouvait au calme, son esprit vagabondait et s’inventait des histoires ? Son attachante héroïne va d’ailleurs voyager dans cet opus et les descriptions sont très précises.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture, j’ai été très intéressée par l’évolution de Caroline en fonction de ses découvertes, ses doutes, ses certitudes puis parfois tout qui s’ébranle avant qu’elle se donne les moyens de cerner les tenants et les aboutissants de ce passé qui s’éclaircit par bribes. C’est d’ailleurs une des forces de ce recueil. Ce qu’on lui dévoile, petit à petit, n’est pas exprimé de la même façon par les différents individus. On s’aperçoit qu’à la relecture des faits, chacun a une interprétation, cela va plus loin que le regard ou le souvenir. Les faits n’ont pas le même sens, les mêmes raisons d’être pour les protagonistes rencontrés. Chacun d’eux les présente avec, en filigrane, ce qu’il a ressenti, ce qu’il ressent face à Caroline, ce qu’il souhaite qu’elle comprenne…..
C’est une lecture comme je les aime. Elle ouvre sur des
questionnements personnels car on peut s’identifier à cette femme. Elle nous
accroche au texte et nous permet d’avoir des belles heures de détente.
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