Autopsie d’un drame (Little Disasters)
Auteur : Sarah Vaughamntraduit de l’anglais (Grande Bretagne) par Alice Delarbre
Éditions : Préludes (10 Mars 2021)
ISBN : 978-2253080794
450 pages
Quatrième de couverture
Jess, mère au foyer, fait preuve d’une grande dévotion
envers ses trois enfants, qu’elle chérit et protège à tout prix. C’est du moins
la façon dont Liz, son amie depuis dix ans, la perçoit. Mais le doute
s’installe lorsque Jess se rend aux urgences pédiatriques où travaille Liz.
Dans ses bras, sa fille Betsey, âgée de dix mois, présente tous les signes d’un
traumatisme crânien.
Mon avis
Elles sont amies depuis une dizaine d’années (elles se sont rencontrées
aux cours de préparation à l’accouchement) mais avec le temps qui passe vite,
elles se voient moins. Bien sûr, elles se croisent aux sorties d’école, aux kermesses
et aux anniversaires des enfants mais elles n’ont pas forcément le temps de se
poser et d’échanger. Elles sont quatre dont celle qui n’a eu qu’un enfant avec
une fécondation in vitro, celle qui est médecin aux urgences pédiatriques
toujours sur la brèche, une autre mère au foyer qui, après deux garçons, vient
d’avoir une petite fille. Jess, c’est la maman poule qui s’angoisse vite, qui s’inquiète
pour ses bambins. Pourtant ce soir-là, quand elle se présente à l’hôpital avec
sa petite dernière, elle semble étrangement distante, presque détachée. C’est
son amie Liz qui est de garde et qui essaie de comprendre comment ce bébé peut
être blessé ainsi. Sa copine est confuse, troublée et pour des raisons
déontologiques bien compréhensibles, c’est un collègue qui prend le relais.
Alarmé, celui-ci va contacter les services sociaux, la police pour vérifier s’il
n’y a pas maltraitance. La bulle dans laquelle vivaient ces femmes va se
fissurer, puis voler en éclats.
Tout au long de ce roman, les points de vue sont alternés.
Ce sont, le plus souvent, ceux de Liz et de Jess mais il arrive qu’il y en ait
d’autres. Il y a également des retours en arrière. On découvre que le passé a souvent
influencé les relations familiales ou de couple, voire le rapport avec les
enfants. La maternité n’a pas été vécue de la même façon par chacune et les
enfants ne grandissent pas tous de manière identique. Les pleurs, les renvois
alimentaires, les coliques peuvent fatiguer celui qui souffre mais aussi les
parents qui n’en peuvent plus d’être épuisés et impuissants à soulager leur
bout de chou.
Que s’est-il passé avec Betsey, la petite fille de Jess ?
Jess a-t-elle craqué parce que trop seule, trop le nez dans les couches, les
biberons, les soucis ? Pourtant, elle donne l’image de la mère parfaite,
celle qui fait face, qui gère malgré un mari qui finit tard et qui ne peut
guère l’aider. Est-ce que tout cela n’est qu’apparence ? Les amies se
questionnent, ont des doutes, elles ont peur….
J’aime beaucoup lire les récits de Sarah Vaughan, ils sont
emplis de réalisme, d’humanité, de délicatesse. Elle a le ton juste pour
évoquer les différents sujets qu’elle traite. Elle présente les faits, sans jugement,
sans pathos excessif. Elle offre des pistes puis, quelques fois, par un
retournement de situation, elle nous en expose une autre et on ne sait plus
quoi penser, qui croire.
J’ai beaucoup aimé l’approche que fait l’auteur des thèmes
évoqués. On sent qu’elle s’est documentée, que son propos est étoffé. Son
écriture est toujours plaisante (merci à Alice Delarbre pour la traduction). C’est
un recueil bouleversant, qui peut renvoyer des questions ou faire penser à des
situations connues. Et en lisant, on se demande ce que va devenir l’amitié de
ces quatre femmes ….
Une lecture très appréciée et un auteur que je ne lâcherai
plus !
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