Je pensais t’épargner
Auteur : Pétronille Rostagnat
Éditions : Marabooks (17 mars 2021)
ISBN : 978-2501157636
342 pages
Quatrième de couverture
Une fillette est trouvée morte dans le coffre d’une
automobile. Le père, accusé de maltraitance par son épouse, est soupçonné du
crime. Très vite, la commandante Laroche, qui dirige l’enquête, réalise que
l’affaire est loin d’être simple. Surtout lorsque l’avocate Pauline Carrel se
saisit du dossier. Une quête de la vérité qui va confronter les enquêteurs aux
tabous les plus redoutés.
Mon avis
« Je pensais t’épargner » …
Et bien, ni le lecteur, ni les personnages ne le seront dans
ce roman et je suis ressortie de cette lecture le cœur en vrac. C’est le
premier roman que je lis de Pétronille Rostagnat mais ce ne sera pas le
dernier. Le sujet est difficile, bouleversant, puisqu’il s’agit de maltraitance
et il est traité sous un angle inhabituel. Elle nous parle de la maltraitance
invisible, celle qui se cache sous des dehors « policés », celle dont
on ne peut pas envisager l’existence alors forcément, les victimes ont du mal à
se faire entendre, lorsque c’est possible. Tout commence avec une voiture qui traîne
devant un commerce depuis une semaine. Abandonnée sur place, la fourrière finit
par intervenir et au bout du compte, l’horreur est là. Une petite fille en
pyjama retrouvée dans le coffre.
C’est à Alexane Laroche que l’enquête est confiée. Elle est
aidée de ses adjoints et d’un jeune bleu, Côme. Il débute dans le métier, il est
parfois maladroit mais il observe et lui fait part de ses remarques. Ils ne
sont pas toujours d’accord et c’est très bien car cela oblige chacun à
argumenter, à aller plus loin qu’une lecture au premier degré. D’ailleurs, un
point fort de ce livre est là. L’interprétation des événements, la relation
entre les faits qui est différente. Parfois, c’est lié à l’histoire personnelle
des protagonistes, parfois c’est simplement une intuition, une perception exacerbée.
J’ai trouvé cet aspect du récit plus qu’intéressant, carrément captivant. Il
est si difficile de voir au-delà des apparences. Quelques fois, ça arrange tout
le monde de rester sur ce qu’on imagine avoir compris car au moins les choses
sont réglées rapidement et on ne se pose plus de questions.
« Et une fois sortis du déni, rien ne s'arrange pour
eux : comment se faire entendre ? A qui demander de l'aide ? Où s'adresser ? »
L’homme à qui appartenait le véhicule où le corps a été
retrouvé est rapidement arrêté. Il est perdu, complètement hors service. Il
demande à l’avocate Pauline Carrel d’assurer sa défense. C’est un vrai pit
bull, qui a fait acquitter des personnes accusées des pires maux. Elle a un
vécu personnel douloureux, elle essaie de vivre avec, d’en faire une force mais
ce n’est pas aisé. Elle doit se donner la possibilité de faire confiance, d’accepter
que les autres entrent dans sa vie, de croire en leur bienveillance mais cela
lui coûte.
La policière et l’avocate sont très différentes et pourtant,
elles vont se retrouver face à face plusieurs fois. Leurs conversations sont
tendues, et elles ont des difficultés à communiquer, chacune restant sur la
défensive. Il est obligatoire, pour les enquêteurs, d’avoir des preuves concrètes,
pas des ressentis où les émotions peuvent avoir faussé la perception et pourtant….
Ce recueil est vraiment réussi, c’est un excellent cru. Il n’a,
sans doute, pas été simple, de ne pas entrer dans un pathos exagéré, de rester sur
ce qui se passe sans en rajouter. Pétronille Rostagnat a dosé son écriture avec
intelligence. Rien n’est surfait, tout est précis, décrit avec ce qu’il faut de
détails pour cerner ce qui se déroule sous nos yeux. On observe les individus,
on ne peut rien dire, on reste spectateur et ça fait mal, si mal. L’auteur m’a
bluffée, secouée, elle n’a pas choisi la facilité et pour cela, chapeau bas.
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