Jeu de peaux
Auteur : Anouk Shutterberg
Éditions : Plon (1 er Avril 2021)
ISBN : 978-2259306249
370 pages
Quatrième de couverture
2019. À trente-trois ans, Juliano Rizzoni est un jeune
peintre prodige encensé par la scène artistique contemporaine internationale.
Initié au Japon à la technique du tatouage Irezumi, aussi violente
qu'ancestrale, il signe dix tatouages d'art sur le dos de ses amant(e)s. L'affaire
prend une tournure inquiétante lorsque les peaux tatouées sont déposées anonymement
chez Sotheby's Paris pour une mise aux enchères hors
norme.
Mon avis
« Jeu de peaux » est un thriller original,
richement documenté sur le monde du tatouage et bien écrit. L’intrigue se
déroule en 2019, principalement à Paris mais il y aura des voyages, notamment
un très intéressant, au Japon.
Juliano Rizzoni est un jeune
artiste contemporain. Son parcours atypique nous est présenté petit à petit et
nous apprenons à le connaître. Enfant, déjà, ses œuvres sortaient de
l’ordinaire et il montrait un talent exceptionnel, presque surnaturel. C’est devenu
un personnage mystérieux aux idées novatrices dans le domaine de la peinture
puis du tatouage. Sa vie amoureuse est variée, hommes, femmes, rien ne
l’arrête. On découvre que par le passé, éprouvant le besoin de se renouveler,
il a « disparu » pendant de nombreux mois pour retourner à la source,
l’art pur. Il est allé au Japon, près d’un maître du tatouage Irezimu. Il a
observé, appris, avant de se lancer dans cette technique. Irezumi, se traduit
par « insertion d’encre », c’est une pratique ancestrale. Les parties tatouées
sont de vrais tableaux avec des détails, et cela représente des heures de
travail, d’un mélange de souffrance et de plaisir aussi.
Juliano aime tout ce qui sort des sentiers battus, il a un
mode de vie qui peut surprendre mais qui lui convient. Il a tatoué, pour
diverses raisons, une dizaine d’hommes et de femmes. Des
« peintures » ouvragées, uniques, qui ont demandé de la patience, du
temps, qui ont fait souffrir parfois puisqu’elles sont situées sur le dos des
acquéreurs. Assez longtemps après, alors que ces réalisations sont de
l’histoire ancienne pour lui, un événement surprenant se produit. Les peaux,
parfaitement tannées, conservées, sont déposées chez Sotheby's Paris pour être
vendues aux enchères ! Brrrr…. On plonge en plein cauchemar. Les personnes
ainsi « dépouillées » sont-elles encore vivantes, étaient-elles
consentantes, ont-elles eu une greffe de peau, comment ont-elles pu accepter
d’en arriver à de telles extrémités ? Était-ce un besoin d’argent ?
Stéphane Jourdain, quarante-cinq ans, flic chevronné, est
chargé de l’enquête avec son équipe. Il aime bien collaborer avec une petite
jeune, Lucie Bunevial. Elle lui plaît bien car elle a une capacité de réflexion
intéressante. Elle peut se permettre de lui faire du rentre-dedans, il lui
pardonne tout. Lucie c’est la vivacité, c’est le feu follet, elle a fini dans
la police presque par hasard alors qu’elle se destinait à des études d’art mais
elle a dû travailler plus vite que prévu alors pas le choix… Son passé
d’étudiante en arts va peut-être les aider à comprendre le milieu dans lequel
évolue Juliano, à mieux interpréter les réponses énigmatiques que le jeune
homme fait lorsqu’il est interviewé…. Mais est-ce que ce sera suffisant pour
élucider les nombreuses questions qu’ils se posent ? Pas sûr….
Pour son premier livre, l’auteur fait preuve d’une
remarquable maîtrise. Les références au monde du tatouage, à ses
« codes », sont glissés habilement dans le récit et apportent un plus
car on apprend des tas de choses. L’histoire personnelle de Juliano est
captivante et son idée pour léguer son immense fortune, si un jour il
disparaît, est carrément judicieuse ! Il fallait y penser !
L’écriture au scalpel d’Anouk Shutterberg est prenante, on a
le souhait sans cesse, de connaître la suite, on imagine, on réfléchit et on
reste surpris car finalement rien ne se passe comme on l’avait pensé. Il y a du
rythme, des rebondissements, juste ce qu’il faut pour nous tenir en haleine. Le
caractère de chaque protagoniste est assez finement ciselé pour qu’on comprenne
leurs choix et leurs façons de penser. Ce premier récit a de la consistance et
il faudra suivre cet auteur de près !
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