Le crime de mon père (The Evidence Against You)
Auteur : Gillian McAllister
Traduit de l’anglais par (Grande Bretagne) par Françoise Smith
Éditions : Marabooks (31 mars 2021)
ISBN : 978-2501138505
402 pages
Quatrième de couverture
Il y a 18 ans, le père d'Izzy English a été emprisonné pour
le meurtre de sa femme Alexandra. Sa peine purgée, il écrit à sa fille avec
l'espoir de démonter l'accusation et de lui prouver son innocence. Mais
cherche-t-il à la manipuler ? Izzy est déchirée entre les souvenirs d'une
enfance heureuse auprès d'un père aimant et l'idée que celui-ci a tué sa mère
adorée.
Mon avis
A l’adolescence, amoureuse de Pip, Izzy envisageait son
avenir en lien avec la danse. Pointes, chassés, entrechats, c’était toute sa
vie. Sa mère tenait un restaurant, son père faisait de petits boulots, tout en
étant artiste à côté. Et puis, un jour, tout s’est écroulé. Le corps de sa maman
a été retrouvé dans les bois et son père a été accusé puis jugé pour
assassinat. Recueillie par ses grands-parents, perturbée, Izzy a raté son
concours de danse. Elle a repris, avec oncle et cousin, la petite affaire maternelle.
Non pas qu’elle apprécie le commerce et la cuisine mais elle n’avait pas
vraiment le choix. Elle a tenu bon, bien que Pip lui ait tourné le dos et que
Papi, Mamie ne soient pas très démonstratifs, ni vraiment aidants. Elle est
maintenant mariée à Nick, qui est analyste criminel. Ils n’ont pas d’enfants.
Izzy peine à construire une famille avec ce qui lui est arrivé. Elle vit « par
procuration », celles des autres mais cela ne la satisfait pas.
Gabriel, Gabe, le père, s’est bien tenu en prison et le
voilà dehors. Bien sûr, il ne doit pas quitter l’île de Wight (où vit sa fille
également), lieu où beaucoup de personnes le connaissent et ont des souvenirs
des événements passés. Il contacte sa Izzy, par courrier, pour la rencontrer et
lui donner, dix-huit ans après sa version des faits. Espère-t-il prouver son innocence
alors que tous les indices sont contre lui ? Que veut-il réellement ?
Est-il dangereux ? Izzy peut-elle le voir sans en parler à son mari ?
Et à quoi bon tout cela si longtemps après ?
Izzy a trente-six ans, et elle prend la décision d’écouter
son père. Au fil de leurs rencontres, la version de ce dernier est confrontée aux
réminiscences qu’elle a des faits. Des divergences surgissent et la
déstabilisent complètement. A qui se confier, comment se faire aider ? Son
mari, l’ancien défenseur de son paternel, son oncle, son cousin ?
L’écriture (merci à la traductrice Françoise Smith) précise,
pointilleuse, très détaillée de l’auteur m’a fait penser aux romans d’Elizabeth
George. Comme cette dernière, Gillian McAllister prend le temps d’installer les
liens et les relations entre les différents personnages, de nous faire
comprendre comment chacun fonctionne au niveau psychologique et dans son approche
de chaque situation. Au-delà des apparences, parfois bien lisses, il y a la
face cachée, profonde, de chaque être. Cet aspect est vraiment un point fort du
récit. De plus, elle instille le doute en nous. Que cherche vraiment Gabe ?
Jusqu’où va sa culpabilité ? En outre,le choix du lieu a de l’importance.
Une petite île, où tout le monde se connaît ou presque, où il est difficile d’avoir
une vie privée.
Les différents protagonistes sont bien pensés. Izzy forte et
fragile, qui subit des ascenseurs émotionnels, ne sachant plus que penser, ne
sachant pas si elle aime celle qu’elle est devenue. S’est-elle construite ainsi
par défaut ? Gabe, le père, tout en ambivalence, soucieux d’apporter une
forme de vérité, perdu après toutes ces années où on l’a pris en charge,
incapable d’utiliser certaines formes modernes de communication ou d’achat, totalement
décalé dans ce nouveau quotidien. Nick en mari attentionné, bien propre sur
lui, mais souhaitant que la page tournée reste refermée. Et puis les « seconds
rôles », bien campés, avec une place parfois prépondérante, même si on ne
le sait pas tout de suite. L’atmosphère est réaliste, on sent les regards, la
peur, la suspicion...
Cette lecture a été très prenante. J’ai aimé le faux rythme insufflé
par les retours en arrière. J’ai été captivée par l’examen minutieux de chaque
indice « nouveau » qui réapparaît, l’évolution des individus, leurs
choix face à ce qu’ils perçoivent, leur interprétation, leur déni…. En résumé, une belle découverte !
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